NESTOR BURMA – Tome 5. La nuit de Saint-Germain-des-Près

Le privé des années 50 est de retour, mais avec Moynot à la place de Tardi. Un passage de relais plutôt réussi malgré des problèmes de découpage.

Surprise, un nouveau Burma sans Tardi! Trop occupé par son « Cri du peuple » – l’adaptation du roman de Jean Vautrin à l’époque de la Commune de Paris – pour produire un nouveau Burma, Tardi a dû trouver un remplaçant. Le contrat passé avec les Editions Fleuve Noir qui publient les romans de Malet oblige en effet Casterman à des adaptations régulières en bandes dessinées. C’est donc Moynot (« L’enfer du jour », Le temps des bombes » ou « Pendant que tu dors, mon amour ») qui prend ici le relais.

Comme chaque aventure de Burma, qui dans les polars de Léo Malet (« Les nouveaux mystères de Paris ») a pour cadre un arrondissement de Paris, « La nuit de Saint-Germain-des-Prés » se déroule dans le VIe. Pour le compte de son client, le détective écume les cercles artistiques et intellectuels de la capitale à la recherche de Charlie Mac Gee, batteur de jazz.

Graphiquement, Moynot a collé d’assez prêt au style de Tardi. Certes Burma a perdu son imposant menton, certes les décors sont moins fouillés, les ombres moins denses, mais les rues de la capitale conservent leur cachet et sont au coeur de l’intrigue. Quant au Nestor Burma que l’on connaît, à la fois malin et flemmard, il nous régale toujours de ses dialogues ciselés de petits truands ou d’intellos parisiens.

En fait, ce qui différencie surtout l’album de Moynot de ceux de Tardi, c’est le choix de la couleur. Délaissant le noir et blanc, le dessinateur a opté pour des beiges, des marrons, des gris qui rendent l’atmosphère moins glauque. De la couleur donc mais sans éclat, ce qui rassurera quand même les adeptes de la version noir et blanc.

Le hic vient plutôt du déroulé de l’histoire: le scénario directement adapté du polar de Malet est intéressant mais les multiples flash backs et le découpage rendent le récit vraiment confus par moment. On ne sait plus où on est, qui sont ces personnages qui viennent de débarquer et il faut parfois revenir en arrière pour s’y retrouver! Dommage car le passage de relais est à part ça plutôt réussi.

Casterman

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