METAMORPHOSES – Tome 1. Aux Médianes de Cymbiola

Une réédition de qualité pour ce classique de la bande dessinée, doté d’une intrigue certes difficile d’accès.

Difficile par les temps qui courent d’échapper à François Schuiten. Président du Festival d’Angoulême à venir, le co-créateur des « Cités Obscures » voit une de ses œuvres de jeunesse – « Aux médianes de Cymbiola » parue en 1980 – rééditée chez Les Humano.

Dans une ville-tour, une expédition se monte autour d’un homme oiseau. Objectif: traverser le désert et rejoindre une étrange pyramide en partie effondrée. Le groupe comprend qu’il doit restaurer le sommet de cet édifice, qui devrait, selon la légende, redonner à l’Homme nombre de ses pouvoirs dont celui de voler. Mais à mesure que les travaux avancent, l’environnement se fait plus menaçant. L’expédition tourne mal. L’épilogue nous ramène aujourd’hui où une seconde expédition tente de retrouver les traces d’une pyramide.

L’intrigue est certes difficile d’accès. Le lecteur doit découvrir lui-même les clés, interpréter l’histoire et il doit attendre l’épilogue pour en comprendre le fil conducteur. En outre, on a du mal à s’attacher à la cité de Cymbiola et à ses habitants tant il nous en est peu dit. Nous ignorons tout du passé des personnages et de la vie dans la cité. Tout juste percevons-nous l’existence de tensions sociales entre le haut et le bas de Cymbiola lorsqu’un habitant déclare au passage de l’homme volant: « Encore ces sales prétentieux d’en haut… » De même, le lecteur ne ressent pas chez les habitants le désir d’envol, apparemment puissant pourtant puisqu’il justifie l’envoi d’une expédition.

L’album est toutefois intéressant à plus d’un titre. D’abord il s’agit d’une des premières créations à quatre mains: dans « Aux Médianes de Cymbiola », les rôles de dessinateur et de scénariste sont étroitement imbriqués, chacun dessinant sur chaque planche. Ensuite, on devine déjà l’attirance de Schuiten pour l’architecture, les tours notamment. Enfin le dessin, resté au stade de crayonnés sans encrage (seules les pages centrales sont en couleurs), est très réussi, d’une grande pureté.
Un classique à redécouvrir donc dans une édition de qualité. « Le Rail », second album de la série « Métamorphoses », fait lui aussi l’objet d’une réédition.

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