MALE OCCIDENTAL CONTEMPORAIN

Thomas drague mais se prend râteaux sur râteaux. Normal, les femmes ne se laissent plus embobiner. Un catalogue de situations plus ou moins drôles et faussement féministes.

Mince, la femme a changé: il ne suffit plus de baratiner trois phrases à ce vagin sur talons hauts pour le mettre dans son lit. L’homme, lui, évolue moins vite visiblement: digne représentant du Mâle Occidental Contemporain, Thomas enchaîne des techniques de drague d’avant Jésus-Christ et se prend râteaux sur râteaux. Pas facile d’être un homme de 2013.

Sur un ton léger et un trait souple, François Bégaudeau, auteur notamment d' »Entre les Murs » (le roman dont est tiré le film récompensé à Cannes en 2008), et Clément Oubrerie (« Aya de Youpougon ») s’attaquent donc à une sujet vieux comme le monde: les rapports entre les hommes et les femmes. Composé de sketches moyennement drôles où le brave Thomas tente par tous les moyens (mais vainement) d’emballer sa proie, l’album – prépublié dans les pages de Libération cet été – met en scène un seul homme maladroit et ridicule face à un véritable catalogue de femmes, plus ou moins jeunes et jolies, indépendante, directe, sexuellement ouverte ou reine de l’auto-défense. Toutes différentes certes mais avec quelques points communs, comme un caractère bien trempé et un sens de la répartie efficace. Bref, la comparaison entre les deux sexes ne semble pas tourner ici à l’avantage du sexe dit fort. Démagogie grosse comme une maison ou autodérision?

On est en train d’hésiter entre les deux lorsqu’on se dit que finalement les femmes de Bégaudeau sont drôlement froides, chineuses, hystériques voire monstrueuses, à l’instar de la couverture qui réduit la gent masculine à une pauvre fourmi prête à se faire écrabouiller par un imposant pied féminin. Comme si « Mâle occidental contemporain » était en fait surtout le reflet des propres angoisses et de l’incompréhension des auteurs face à ces femmes modernes. Pauvres choux, va.

Delcourt

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