LUNA ALMADEN

Accusée du meurtre de sa mère, une jeune aveugle clame son innocence. Un thriller à la Hitchcock efficace.

Luna mène une vie paisible et bien réglée: un appartement, un ex-petit ami, une passion (les mobiles) et des soirées régulières au resto avec sa soeur aînée, Valéria. Pourtant Luna est aveugle et c’est la rente que lui verse sa mère – contre quelques tâches ménagères – qui lui permet d’avoir une certaine indépendance. Mais un jour, on découvre la mère de Luna assassinée avec un câble électrique… semblable à celui dont se sert la jeune aveugle pour ses mobiles.

Clarke que l’on connaît avec « Mélusine » et plus récemment avec « Mister Président » a opté pour un registre plus grave et un style beaucoup plus réaliste. Une surprise mais réussie: les gestes de la vie quotidienne de Luna – laver le linge, écouter de la musique ou des romans audio, faire des courses, travailler à son mobile, etc – sont décrits avec beaucoup de sensibilité et sont surtout soigneusement restitués. Les planches sont souvent sombres puisque la jeune aveugle n’allume évidemment jamais la lumière quand elle est seule chez elle. Clarke parvient ainsi à rendre la cécité de l’héroïne sans abuser des cases entièrement noires qu’il distille ça et là à certains moments clé du récit.

L’histoire aussi est solide. Accablée par les apparences (pas d’alibi, l’arme du crime avec ses empreintes), la jeune femme devient vite la coupable idéale. Mais elle n’en clame pas moins son innocence, soutenue par le lecteur qui est forcément de son côté: Denis Lapière, qui signe ici son 3e album au sein de la collection Aire Libre (après « Le tour de valse » et « Agadamgorodok »), a en effet placé la narration essentiellement du point de vue de Luna. Du coup, on sait où était Luna la nuit du meurtre et on flaire tout de suite la machination. Reste à savoir qui tire les ficelles. La réponse, Lapière l’apporte finalement de manière logique et vraisemblable.

Seul petit reproche dans ce thriller très hitchcockien, l’ex-petit ami de Lula qui la croit également innocente, découvre sans doute un peu vite le pot aux roses. Mais il est vrai que « Luna Almaden » est un one shot en 56 pages seulement et les auteurs ne peuvent se permettre de trop traîner.

Dessinateur : Clarke – Scénariste : Denis Lapière – Editeur : Dupuis, collection Aire Libre – Prix : 12,95 euros.

Dupuis

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