LE SANG DES VALENTINES

Un scénario romantico-dramatique très touchant mais qui aurait gagné à plus de simplicité. Des passions exacerbées magnifiquement mises en images à la gouache.

C’est la fin de la Première guerre mondiale, Augustin Dortet rentre vivant du front. Plus amoureux que jamais, il a hâte de retrouver sa femme Geneviève, celle qui lui a donner la force de supporter les tranchées, le sang et la guerre en lui écrivant des lettres enflammées. Sauf que, lui apprend-on au village, sa femme est morte depuis longtemps…

Que de mystère autour de ces «valentines», nom donné aux lettres que l’on envoye à l’être aimé… Car si ces missives ont autant d’importance c’est qu’elles ont cristallisé tout l’amour qu’Augustin éprouvait pour sa femme, son désir et son espoir pour un avenir meilleur. C’est donc un véritable psychodrame qui se joue à son retour.

Qui a écrit à Augustin si ce n’est Geneviève? La réponse sera bien sûr donnée à la fin de l’album mais ce n’est pas le coeur de l’intrigue, d’ailleurs Augustin lui-même ne se pose la question que dans les dernières pages. L’album n’est pas construit comme une enquête et il n’y a pas vraiment d’action: «Le sang des Valentines» est surtout le récit d’un bouleversement interne. On suit Augustin tour à tour abasourdi, abattu, fou de rage, etc. Cette histoire, rythmée par de nombreux flash back, est aussi l’occasion de parler de la mort, de la solitude, de la douleur, de la jalousie, de la laideur également…

Quand on y regarde bien, le scénario de Catel est un peu alambiqué, centré autour d’un trio – voire un quatuor avec Geneviève – qui prend des allures de formule mathématique: « j’aime X qui ne m’aime pas mais qui aime Y, Y aimant Z ». Cela ajoute encore à la dramatisation d’un récit qui n’en avait pas besoin.

Car à lui seul, le dessin à la gouache de De Metter (couleur directe, teintes à dominante sombre) rend parfaitement compte des rapports violents entre les personnages. Ces derniers ont des visages très expressifs et semblent même parfois de chair et d’os. Cela en fait un album attachant, profondément humain.

Casterman

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