LE PORT DES MARINS PERDUS

Un jeune naufragé amnésique est recueilli dans la famille d’un commandant de navire disparu. Un long et bon roman d’aventure et de réflexion sur le deuil.

Qui est donc ce jeune homme retrouvé inconscient sur une plage du Siam en ce jour d’automne 1807? Lui-même sait qu’il s’appelle Abel, rien de plus. Recueilli à bord du navire commandé par William Roberts depuis que le commandant s’est enfui avec le trésor du bord, le jeune homme présente d’étonnantes aptitudes à la navigation, semble cultivé et enchante l’équipage au violon.

Se présentant comme « un opéra graphique en quatre actes », « Le Port des marins perdus » est aussi bien un grand roman d’aventures à la Robert Louis Stevenson qu’un récit introspectif et fantastique. Riche en rebondissements, l’histoire que le couple d’Italiens met en place à quatre mains est convaincante: sur près de 300 pages, le lecteur a tout le loisir de découvrir une belle galerie de personnages à la psychologie fouillée ainsi qu’une large palette de thèmes: les rapports de l’homme avec la mer, l’amitié, l’amour, la haine, la famille, la loyauté, la trahison, la mort… Bien que parfois un peu longuets, les passages d’oeuvres des poètes Lord Byron, Samuel Taylor Coleridge ou William Blake accentuent l’atmosphère poétique qui se dégage de l’album, prix du meilleur roman graphique au festival de Lucca 2015.

Seul bémol, l’absence de couleurs sur ces planches d’un crayonné certes très beau, élégant et élaboré mais dont la force se perd par le manque de contrastes sur certains passages. Il n’y a qu’à voir la couverture pour se rendre compte que les nombreuses planches se déroulant sur mer auraient été tout simplement magnifiques.

Dessin et scénario: Teresa Radice et Stefano Turconi – Editeur: Glénat, collection Treize Etrange – Prix: 22 euros.

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