LE MONDE SELON UCHU – Tome 1

La rentrée scolaire aurait pu démarrer tranquillement. Mais dès le lendemain, Uchu sèche les cours quand il comprend qu’il n’est qu’un personnage de fiction et que tout ce qui l’entoure fait simplement partie d’un manga… Une série en deux tomes surprenante!

Cela commence comme un shojo léger le jour de la rentrée des classes avec un héros taciturne, Uchu, et une jeune fille « un quart » française, Alice, qui ne reste pas insensible à son charme. Mais rapidement le lecteur est mis face à une surprise de taille: Uchu lui révèle qu’il est le héros d’un manga dans lequel tous ont leur rôle! Dès lors, Alice a l’impression d’être épiée et commence à remarquer ces cercles contenant des mots au dessus d’elles, cette voix off, ces petites fleurs autour des personnages amoureux…

Prévue en deux tomes, « le monde selon Uchu » a permis à Ayako Noda de sortir de l’anonymat au Japon. Il faut dire que le concept, entre « Matrix » et « The Truman Show », est audacieux. Nous voilà donc invité à observer ces héros de papier dirigés par un mangaka invisible dont on a l’impression qu’il s’est contenté d’écrire globalement le scénario et quelques moments clé. Ayako Noda laisse en effet beaucoup de latitude à ses personnages, sachant qu’arrivera toujours le moment de les remettre à leur place… Uchu se jette soudain d’un toit? Qu’à cela ne tienne, un arbre providentiel apparaîtra sous lui pour amortir le choc. Il se rebelle un peu trop? Il est écarté du récit pendant quelque temps.

Côté dessin, le trait est tantôt très travaillé avec des gros plans sur des visages expressifs tantôt beaucoup plus ébauché avec des visages sans yeux ni bouche et des décors minimalistes. C’est un part pris mais le découpage, lui, s’avère parfois un peu confus.

Reste que si le manga n’est pas dénué d’humour grâce au personnage de l’amoureuse transie Chiyoko Saimi, véritable clin oeil aux comédies romantiques gentillettes, il est plutôt à classer dan sale genre « seinen » et montre surtout des personnages perplexes, forcés à se poser mille questions intéressantes, quand ils ne sombrent pas dans une peur panique: comment conserver sa liberté et assurer un semblant de vie privée lorsque l’on est un héros de fiction et de papier? Le mangaka est-il vraiment tout puissant? Doivent-il accepter leur destin? Ou au contraire s’opposer à leur condition? Il faudra attendre le second tome pour obtenir des réponses mais Ayako Noda a dévoilé un élément important lors d’une rencontre au 43e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême: une sorte d’avatar d’elle-même débarquera dans les pages afin de les ramener à plus de discipline…

Dessin et scénario: Ayako Noda – Editeur: Casterman, collection Sakka – Prix: 8,45 euros.

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