LE LOUP

Dans les montagnes, un berger et un loup vont s’affronter jusqu’à leurs dernières limites. En plein débat sur la présence du loup en France, un récit subtile sur la place de l’Homme dans la nature.

Après « Ailefroide », le massif des Écrins sert encore une fois de cadre grandiose au nouvel album de Jean-Marc Rochette, « Le loup ». Une nuit dans les alpages, Gaspard et son chien Max doivent faire face à l’attaque de son troupeau de moutons par une louve. Il parvient à la tuer d’un coup de fusil mais laisse finalement la vie sauve à son louveteau. Au fil des années, un jeu du chat et de la souris va s’instaurer entre le berger et l’animal qui tourne autour de son troupeau. Qui ressortira vainqueur de ce combat au sommet?

La réintroduction du loup en France a fait émerger autour de lui des positions opposées qui semblent irréconciliables: d’un côté des bergers traditionnels excédés par la perte de leurs bêtes, de l’autre des écologistes désireux de protéger des espèces en danger. Un débat souvent violent dans lequel le dessinateur du « Transperceneige » – par ailleurs passionné de haute montagne – entre avec beaucoup de subtilité.

Sur de très belles planches minimalistes aux rares dialogues, aux paysages majestueux et aux teintes contrastées, « Le loup » questionne avant tout la place de l’Homme face au règne animal et à la nature en général. Comme le décrypte parfaitement dans la postface le philosophe Baptiste Morizot, l’album de près de cent pages est le récit d’une quête initiatique: celle d’un berger qui parviendra à passer outre le caractère belliqueux de l’Homme, son antagonisme séculaire avec le loup et son besoin de tout dominer, pour apprendre, quitte à faire des concessions, à cohabiter et partager le monde avec respect.

Dessin et scénario: Jean-Marc Rochette – Editeur: Casterman – Prix: 18 euros.

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