LE CODEX ANGELIQUE – Tome 1. Izaël

Y-a-t-il un lien entre les meurtres en série qui ensanglantent le Paris de la Belle Epoque et les expériences d’un scientifique qui tente de ramener une personne à la vie? Un tome 1 ébouriffant, première oeuvre de deux jeunes auteurs talentueux.

Le Paris de la Belle Epoque ne parle que de cela: une dix-septième victime a été retrouvée assassinée dans la rue, le coeur prélevé, et le commissaire Nimber et son assistant Pujol, chargés de l’enquête, pataugent. Comme indifférent aux événements, le jeune Thomas Devisse traîne son mal-être. Il faut dire que l’ambiance à la maison est plutôt particulière: son oncle tente toujours de ramener à la vie la mère de Thomas, enfermée dans un caisson d’hibernation depuis vingt ans.

Mikaël Bourgoin, Thierry Gloris, deux noms qui ne vous disent rien mais que vous allez certainement retenir. Tous deux, respectivement dessinateur et scénariste, signent ici leur premier album et le résultat est impressionnant.

A sa façon de mêler les genres d’abord: « Le codex angélique » démarre comme un polar dans lequel le truculent langage « fleuri » des policiers s’intègre parfaitement. L’album vire ensuite doucement à l’ésotérisme et au fantastique. L’esprit de Jack l’Eventreur plane sur les planches tandis que l’on ressent l’influence de la littérature fantastique du 19e siècle. Mary Shelley et son Frankenstein ou Robert Louis Stevenson et son Docteur Jekyll et Mister Hyde… les allusions ne sont pas voilées et pourtant l’intrigue reste imprévisible tout du long. Histoire de bien enfoncer le clou, les toutes dernières planches laissent d’ailleurs le lecteur perplexe, dans l’incapacité totale d’imaginer la suite…

Répondant au scénario, le dessin de Bourgoin est superbe, d’une grande maîtrise. Son souci des détails, l’expressivité de ses personnages et les couleurs utilisées contribuent à plonger le lecteur dans l’histoire: à dominante sombre – ocre, verdâtre, gris, rouge -, les cases de ce jeune dessinateur de 24 ans suintent l’ambiance glauque, mystérieuse et inquiétante du premier tome.

Autant dire que, sans attendre les deux prochains tomes, « Le codex angélique » s’annonce d’ores et déjà comme une excellente série. A découvrir absolument.

Delcourt

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