LA VIE DE MA MERE – Tome 2. Face B

Suite et fin tragique des pérégrinations de Kevin dans Paris. Un album sans compromis sur l’horizon bouché des mômes des cités, adapté du roman de Thierry Jonquet.

La fin du premier tome le laissait craindre, les affaires tournent très mal pour Kevin le petit rouquin de la « téci ». Malgré ses progrès scolaires et son attachement pour le jeune Clarisse, Kevin se laisse embarquer par sa bande de potes dans les plans louches. Entre vols, drogue et sexe, Kevin sombre dans la délinquance jusqu’à y perdre pied.

Ames sensibles s’abstenir. Pire que la face A, il y a la face B. « La vie de ma mère », adapté du roman éponyme de Thierry Jonquet, n’a rien de drôle, à l’instar de la réalité vécue par de jeunes paumés coincés dans leurs cités. Sans avenir, sans repères et sans limites. Car pour obtenir du respect, il faut juste avoir de la thune. Et trouver de l’argent dans ce quartier de Belleville, c’est enchaîner les casses et les trafics en tout genre. Kevin n’a pas mauvais fond, à plusieurs reprises, il se rend compte que ses acolytes font fausse route. Il s’en serait sûrement sorti mais la spirale est la plus forte malgré l’aide d’une institutrice qui croit en lui et l’amour d’une fillette. « La vie de ma mère » aurait pu tourner au conte de fées, ca devient un fait divers glauque.

Les auteurs n’ont pas versé dans la complaisance. Alors les images sont dures, les scènes de sexe nombreuses mais toujours sordides. Les femmes ne sont que des objets destinés à assouvir des besoins primaires. Toute cette violence, Chauzy l’illustre en forçant le trait et les couleurs. Les teintes sont vives à l’extrême – elles vont du jaune blafard au rouge sang – et agressent l’oeil du lecteur. Cela peut rebuter, de même que l’emploi systématique du verlan, parlé par les jeunes de la cité. Mais on entre d’autant mieux dans l’ambiance de cet album dont, après tout, le charme premier est justement de ne pas en avoir.

Casterman

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