LA BOUILLE

Réédition dix ans après d’une touchante chronique rurale sur un métier promis à la disparition: le bouilleur de cru.

Ribérac, février 2012. Le métier de bouilleur de cru est en voie de disparition. La tournée hivernale s’amenuise et certains ateliers ont été supprimés faute de clientèle. C’est sur ce constat amer – seul changement par rapport à la première édition de « La Bouille » en 2002 – que Troubs clôt son album.

De septembre 1999 à mai 2000, Troubs avait suivi de ferme en ferme – de la Dordogne à la Charente – Alain, un des derniers bouilleurs de cru du pays. La saison de « bouille », c’est la période de l’année – d’octobre à mai – durant laquelle le « distillateur ambulant » offre les services de son alambic et de son atelier de fabrication d’alcool aux clients qui lui apportent les fruits qu’ils ont préparés pour en tirer la gnôle.

Participant au travail usant – faits de réveils avant l’aube et de journées passées dans le froid et les effluves d’alcool – mais aussi croquant et notant ce qu’il voyait comme dans un journal ou un carnet de bord, Troubs en a tiré un ouvrage attachant où les rencontres parfois épiques finissent en général devant un verre.

Le métier de bouilleur et les gestes maintes fois répétés d’une commune à l’autre son représentés par de grands dessins sans légende, aux épais coups de crayon et au contraste fort, tandis que les anecdotes liées aux gens du coin sont racontés par de longs textes enrichis de rapides petits dessins. Bavard, l’album l’est. Mais de cette lecture se dégage une grande humilité, beaucoup d’humanité et authenticité, qui ne laissera pas indifférent les amateurs de chroniques rurales et humaines. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la préface de cette nouvelle édition est signée Étienne Davodeau, l’auteur de « Rural » ou des « Ignorants ».

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