HELLDORADO – Tome 1. Santa Maladria

D’un côté les Espagnols, de l’autre les indiens et, au milieu, une mystérieuse maladie qui décime les deux camps. Encore un nouveau scénario signé Morvan – avec Dragan cette fois – et encore un récit fluide et dynamique qui promet une série passionnante.

La conquête espagnole en Amérique comme on la voit rarement. C’est le nouvel univers dans lequel le prolifique Morvan nous emmène en compagnie de Dragan avec lequel il a déjà signé « Le collectionneur », un hors-série consacré à l’univers de la série « Sillage ». « Helldorado » n’est pas le premier album de l’année signé Morvan – ni le dernier sans doute – tant le scénariste est prolifique mais encore une fois, ce récit accroche immédiatement le lecteur.

Deux jeunes indiens venus du nord débarquent dans un village peu après le massacre de tous les habitants par les Européens. Carnage ou pas, les deux jeunes gens ne visent qu’une chose: profiter de la nourriture et des maisons laissées vides. Mais leur repos est de courte durée, ils sont arrêtés par les autochtones et condamnés à s’occuper des malades atteints d’un étrange virus.

Car c’est bien le virus qui est au centre de cet album. Historiquement, l’apparition de maladies apportées par les Espagnols est vrai. Ici si le virus décime les indiens, il s’attaque aussi aux envahisseurs et ces derniers sont plus occupés à essayer de l’enrayer qu’à amasser l’or. Tous les moyens sont bons, y compris les plus sanglants. Mais ils ne sont pas les seuls.

Et c’est justement une des bonnes surprises du récit. Il n’y a pas d’un côté les gentils indigènes et de l’autre les méchants blancs comme pourrait le laisser supposer la très forte scène du massacre des indiens en début d’album. Un scène impressionnante qui court d’ailleurs sur pas moins de sept pages sans aucun dialogue. Résultat, notre attention est toute entière portée sur l’atrocité de l’événement, les yeux terrifiés des villageois, leurs pleurs, leurs gestes de supplication. Ces détails sont d’autant plus frappants que les planches de l’Argentin Ignacio Noé, entièrement réalisées à l’ordinateur, sont claires et lumineuses. L’impact de ce passage est contrebalancé ensuite par la cruauté des indiens entre eux n’hésitant pas à transpercer de leurs flèches les « fauteurs » ou à pratiquer de cruels sacrifices humains. A la description des sacrifices succède un flash back rougeoyant montrant des Espagnols brûlés vifs sur un bûcher au moment de l’Incquisition. Bref, qu’elle viennent des blancs ou des indigènes, la violence est humaine, exacerbée encore par le fanatisme religieux.

Au gré de ce premier tome très dynamique, Morvan et Dragan ont commencé à esquisser le portrait psychologique des deux protagonistes principaux, deux fortes têtes chacune dans leur genre. D’un côté, le chef des espagnols autoritaire et inquiétant (voyez la couverture!); de l’autre, Hutatsu, jeune homme insouciant mais orgueilleux. La rencontre entre les deux promet d’être épique. Et passionnante.

Casterman

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