HALLOWEEN

Asphodèle qui vient de perdre son frère n’a pas le coeur à fêter Halloween et erre dans la ville. Une balade mélancolique et poétique au scénario limité mais au graphisme d’une grande beauté.

Certains lecteurs se souviennent sans doute d' »Halloween », l’un des premiers albums d’Olivier Boiscommun paru en 1998 aux éditions du Cycliste. Cet album publié aux Humanos en est la réédition mais augmentée de 26 pages inédites. L’histoire reste la même: c’est le soir d’Halloween et les gamins déguisés parcourent joyeusement les rues. Tous sauf Asphodèle qui, bien que déguisée elle aussi, n’a pas le coeur à fêter les morts, trop bouleversée par la mort récente de son frère. En errant dans la ville avec son maquillage triste, elle fait la rencontre d’un fantôme qui tente de lui faire retrouver le sourire.

Comment peut-on fêter quelque chose dont on a peur? « La mort, c’est froid, c’est triste, c’est vide… ». Accepter la mort pour accepter la vie, c’est le cheminement intellectuel que la jeune fille est invitée à suivre au fil de ce récit poétique écrit tout en vers et en rimes. Le partis pris n’est donc pas celui de l’action, les planches se bornant à suivre Asphodèle à travers la ville en proie à ses doutes. La mélancolie et la poésie qui se dégagent sont touchantes mais les cases sont grandes, les dialogues peu nombreux. Et, même avec une pagination doublée, « Halloween » se lit vite.

Petit conte finalement sans grande prétention, l’album ne manque toutefois pas de qualités. Typique de Boiscommun avec ses personnages à la fois ronds et torturés, le dessin est superbe tout comme les couleurs directes, choisies dans les ton orangés, ambiance d’Halloween oblige. Quant au découpage, il est très travaillé: les cases sont parfois démesurées, certaines planches sont composées d’une seule image, l’auteurs alterne les planches verticales (en général quand le fantôme grand et mince est au centre de la case) et les planches horizontales, avec des vignettes tantôt étirées en longueur tantôt en largeur. L’ensemble est finalement proche de l’illustration.

Les Humanoïdes Associés

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