CHARMES FOUS

Un publicitaire parisien revient dans sa campagne charentaise natale pour enterrer son père et mettre à jour une histoire de sorcellerie. Une comédie enjouée sympathique.

Gérard Dugroin n’a pas de bol. En voulant éviter un lapin sur une départementale, un camion rempli de cochons percute sa voiture. Dugroin meurt sur le coup et les cochons qui s’échappent le… dévorent! Un bête accident? Pas si sûr… car quand son fils, publicitaire à Paris, redescend dans son village natal pour l’enterrement, il se rend vite compte que Dugroin était depuis un certain temps la cible d’envoûtements.

Un an après « Le village qui s’amenuise », sympathique comédie décalée et fantastique, le duo Corbeyran-Balez signe une nouvelle histoire champêtre. L’esprit est le même mais ceux qui connaissent Corbeyran uniquement par ses séries « sérieuses » où la sorcellerie n’a franchement rien de rigolo (« Le chant des stryges ») seront un peu surpris. Le scénariste traite ici la magie avec humour, taquinant ceux qui l’utilisent comme ceux qui n’y croient pas.
L’enquête menée par le fils Dugroin a quelque chose d’une partie de Cluedo avec des objets ensorcelés pour indices, un tas de portraits de villageois pour suspects et des histoires de coeur, de jalousie et d’argent pour mobiles. Mais l’enquête en question est tout sauf subtile et le ton est avant tout celui de la comédie et de l’humour. La conclusion sera d’ailleurs édifiante: la magie et la pub, c’est pareil. Ca ne fonctionne que si quelqu’un y croit..

Comme dans « Le village qui s’amenuise », les auteurs ne se sont pas embarrassés: les campagnards persifleurs, leur méfiance de « l’étranger » et l’importance des superstitions en tous genres, tout cela est certes caricatural. Mais l’histoire reste cohérente et les trois personnages principaux – le publicitaire (qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Frédéric Beigbeder), la ravissante idiote qui l’accompagne et son ex-compagne auteur d’une thèse sur la sorcellerie moderne – sont tout à fait sympathiques.
Joliment dessiné par Olivier Balez, « Charmes fous » n’est donc pas l’album de l’année mais son côté enjoué en fait une comédie distrayante, plaisante à lire.

Dargaud

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