CAPITAINE TIKHOMIROFF

Le jeune capitaine russe blanc Alexandre Tikhomiroff se retrouve embarqué dans la Révolution d’Octobre… jusqu’à l’exil en France. Un témoignage graphiquement maîtrisé.

« Capitaine Tikhomiroff » est adapté du récit « La tasse de thé » d’Alexandre Tikhomiroff, ancien appelé de la guerre d’Algérie dont Gaétan Nocq avait mis en image le témoignage dans « Soleil brûlant en Algérie ». Cette fois, il remonte une génération en s’intéressant au père d’Alexandre qui porte le même prénom. Après le déclenchement de la Révolution d’octobre 1917 et alors que Trotski créé l’armée rouge pour défendre le nouveau pouvoir, l’Armée blanche fidèle au tsar se réorganise. Afin de suivre la volonté de son père tsariste, Alexandre Tikhomiroff s’engage dans l’Armée blanche.

« Capitaine Tikhomiroff » ne raconte pas les hauts faits d’armes d’un militaire. Dans ce volumineux récit chronologique où l’objectif d’Alexandre Tikhomiroff et de ses compagnons va être surtout de manger, boire et ne pas être tué, l’absurdité de la guerre éclate au visage. Les planches, peu bavardes, démontrent la maîtrise graphique de Gaétan Nocq, peintre dessinateur et graphiste parisien. Comme enveloppées en permanence d’une sorte de brouillard, elles rappellent qu’il s’agit d’un souvenir, les minuscules formes humaines crayonnées se déplaçant dans des paysages enneigés soulignent l’environnement hostile. L’atrocité du conflit est ici davantage suggérée que montrée. Balloté par les évènements, Blanc ou Rouge selon les circonstances, Tikhomiroff deviendra grâce à autant de chance que de débrouillardise l’un de ces nombreux Russes blancs réfugiés en France au début des années 1920. En fin d’album, quelques documents comme les papiers d’identité du capitaine Tikhomiroff soulignent d’ailleurs qu’il s’agit d’une histoire vraie.

Dessin et scénario: Gaétan Nocq – Editeur: La Boîte à bulles – Prix: 28 euros.

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