BETTY BOOB

Après une mastectomie, Elizabeth renaît grâce à une troupe de performers burlesques. Un album sur le cancer du sein avec une héroïne aussi sensuelle que Betty Boop: le pari était audacieux, le résultat est fabuleux.

A la suite de son cancer, Elizabeth n’a pas perdu que son sein gauche. Elle a été licenciée et s’est retrouvée sans petit-ami. Pas simple de se reconstruire après ça… Certes le sujet du cancer a maintes fois été traité en bande dessinée – notamment dans « L’année du crabe » (Alice Baguet), « David, les femmes et la mort » (Judith Vanistendael) ou encore « Chauve(s) » (Benoît Desprez) – mais pas de cette manière. A dix mille lieues du roman graphique réaliste où le personnage principal s’interroge longuement sur lui-même, « Betty Boob » est une sorte d’ovni lumineux et emballant.

Muet (ou presque) comme les films de la Belle Epoque dont il reprend l’esthétique, l’album fascine, happe le lecteur jusqu’au dénouement. Avec son trait très cartoon, ses magnifiques couleurs et son découpage ultra rythmé, Julie Rocheleau (« La colère de Fantômas », « La petite patrie ») met en scène un petit bout de femme incroyable, particulièrement attachant. Nul besoin de pathos exacerbé, nul besoin de grand discours pour toucher du doigt ce que la jeune femme à la joie de vivre à toute épreuve ressent, oscillant entre solitude et espoir, honte et confiance en soi. Ce cheminement, cette renaissance après le cancer, Véronique Cazot, déjà scénariste de « Et toi quand est-ce que tu t’y mets? », a su également les traiter de manière très intelligente, tout en légèreté: « Betty Boob » est un album militant et féministe, un défi à la société qui rejette ce qui est différent, une exhortation à assumer son corps et à en disposer comme bon nous semble.

Dessinatrice: Julie Rocheleau – Scénariste: Véronique Cazot – Editeur: Casterman – Prix: 25 euros.

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