A HISTORY OF VIOLENCE

Le roman graphique qui inspira le film éponyme de Cronenberg présenté à Cannes. Une histoire qui fait froid dans le dos, des scènes parfois insoutenables mais un thriller passionnant du début à la fin.

Avant d’être un film de David Cronenberg actuellement sur les écrans, « A history of violence » est un roman graphique écrit en 1997. Deux tueurs en cavale débarquent dans une petite ville américaine et braquent un coffee shop. Mais son propriétaire, Tom McKenna, ne se laisse pas faire et les tue. Considéré comme un héros, il fait la Une des journaux et, du coup, attire l’attention de mafieux new-yorkais qui le recherchaient depuis 20 ans.

Allergiques au sang, à la violence et à la torture, éloignez-vous! Vous l’aurez de toute manière compris dès la couverture (une hache, une perceuse, une batte de base-ball, du barbelé baignant dans une mare de sang) et les premières planches, « A history of violence » est un thriller particulièrement noir dont l’intensité grimpe au fil des pages et des chapitres.

Des chapitres, il y en a trois: le premier nous permet d’approcher le personnage de Tom McKenna qui se retrouve emporté malgré lui dans une spirale de violence. Progressivement le doute s’installe, qui est vraiment ce père de famille modèle? On l’apprend dans le deuxième chapitre qui se révèle tout aussi haletant. Sous la forme d’un flash back, il nous emmène à Brooklyn où l’on découvre enfin le passé du héros. Mais ce n’est rien comparé à la dernière partie de l’album qui prend véritablement aux tripes et offre un final des plus éprouvants… John Wagner (co-créateur de « Judge Dreed ») le démontre tout au long de son ouvrage, on ne brise pas aussi facilement le cercle de la violence. Alimentée par la soif de vengeance et la volonté de protéger les siens, elle engendre une violence toujours plus forte, inévitable, inhumaine.

Le dessin noir et blanc de Vince Locke, à base de hachures vient à propos. Ce trait nerveux, parfois proche de l’esquisse en particulier lors des scènes d’action, accentue encore en effet la noirceur du récit et le malaise que l’on éprouve.

Comme « Sin City », également inspiré d’une bande dessinée, « A history of violence » fait partie de ces oeuvres dérangeantes auxquelles on continue de penser longtemps après avoir refermé la dernière page.

Delcourt

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