Un livre sur la BD jugé indésirable dans les collèges

L’inspectrice pédagogique de l’académie de Limoges a demandé aux documentalistes de retirer l’ouvrage des établissements scolaires.

« Chers collègues, je vous demande d’être particulièrement vigilants sur le contenu des ouvrages présents au CDI. Par exemple, « L’Art de la bande dessinée » de Pascal Ory, Laurent Martin et Jean-Pierre Mercier n’est pas destiné à figurer dans un CDI. En particulier, je vous conseille de feuilleter avec la plus grande attention toutes BD et mangas destinés au CDI. (…) ». C’est ce mail sous forme de mise en garde, signé de l’inspectrice pédagogique de l’académie de Limoges Marie-France Nys, qu’ont reçu avec étonnement en février dernier les documentalistes de l’académie.

Les représentants syndicaux n’ont pas été les seuls à réagir à la directive. Sept auteurs de l’ouvrage de 500 pages – Pascal Ory (professeur d’histoire à l’université Paris I), Xavier Lapray (professeur agrégé et docteur en histoire, directeur d’une collectionde manuels scolaires au lycée), Laurent Martin (professeur d’histoire à l’université Paris 3), Sylvain Venayre (professeur d’histoire à l’université de Grenoble), Jean-Pierre Mercier (conseiller scientifique de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image), Thierry Groensteen (écrivain, scénariste et critique) et Benoît Peeters (écrivain, scénariste et critique) – ont eux-mêmes demandé des éclaircissements dans une lettre adressée à Marie-France Nys et à son supérieur.
Sans réponse de leur part, les sept auteurs ont alors décidé de diffuser auprès de la presse une lettre ouverte sur ce qu’ils estiment être « un acte de censure caractérisé ». « Nous pouvons formuler l’hypothèse que cette personne s’est émue de trouver parmi plusieurs centaines de documents iconographiques, tous choisis en raison de leur qualité historique ou esthétique, quelques images représentant la sexualité ou la violence sous un jour esthétisé, fort sages, au demeurant, si on les compare à celles que des lecteurs d’âge scolaire peuvent voir sur quantité de lieux aisément accessibles – et non soumis à censure », écrivent-ils. Plus grave encore, selon eux, « il s’agit, à travers nous, de s’attaquer à la bande dessinée dans son ensemble, ramenée à son statut ancien de « mauvais genre ». Et de conclure: « La bande dessinée progresse mais la morale régresse. »

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