Le business de la BD dans « Challenges »

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Début novembre, l’hebdomadaire économique consacrait un dossier au secteur le plus florissant de l’édition à l’occasion de la sortie du nouvel album de « Largo Winch ».

« La loi du dollar », le 14e tome de la série « Largo Winch » vient de paraître. « Un blockbuster de la BD » selon le magazine Challenges et une bonne occasion pour réaliser un dossier sur cette industrie florissante » qu’est la bande dessinée. Dans son numéro 10 (3-9/11/05), l’hebdomadaire économique rappelle en effet qu’avec seulement 6,5% du marché des ventes, le secteur (250 millions de chiffre d’affaires, +4 à 5% de ventes par an) tire pourtant à lui seul l’ensemble du monde de l’édition.

L’automne est la période phare pour la sortie des albums à gros tirages: « Largo Winch », « Astérix », « XIII », « Kid Paddle », etc… ce sont plus de 5 millions d’albums qui seront achetés via les librairies et les hypermarchés. Claude de Saint Vincent, Pdg de Dargaud, Dupuis et Le Lombard, estime avoir, en vente, « l’équivalent d’un Goncourt tous les deux mois ». Pas étonnant donc que les éditeurs mettent de gros moyens dans la promotion de leurs chouchous. arton1067.jpgLes Editions Albert-René auront ainsi dépensé 700.000 euros, soit 5% de leur chiffre d’affaires, dans l’opération Astérix dont le dernier album est sorti simultanément dans 27 pays. Une occasion à ne pas manquer selon Bernard de Choisy, responsable du marketing, vu qu’« il s’agit sans doute du dernier album d’Astérix », Uderzo ne souhaitant pas écrire d’autres albums et refusant de passer la main à un autre auteur.
Un choix pris pourtant de plus en plus souvent par les éditeurs, à commencer par « Blake et Mortimer » repris en 1996 par Jean Van Hamme et Ted Benoît mais aussi « Lucky Luke » (Laurent Gerra) et « Boule et Bill » (Laurent Verron). Avec à chaque fois la réussite commerciale au rendez-vous.

A 66 ans, Jean Van Hamme, lui, tient encore les rênes de son Largo Winch apparu en BD en 1990 (avec Philippe Francq au dessin). Alors que « La loi du dollar » est sorti ce mois-ci, Challenges nous apprend que l’auteur est déjà en train d’écrire le scénario du prochain épisode qui se déroulera à Hong-Kong. Jean Van Hamme révèle également qu’avec l’arrêt prochain de ses autres séries phares (« Thorgal » et « XIII »), il devrait toucher moins que les « un million d’euros par an de droits » qu’il engrangeait ces dernières années mais gagnera en contrepartie (« quelque chose de très précieux: le temps ».

XIII.jpgQue ce soit Largo Winch ou XIII, les héros de Van Hamme sont par ailleurs de véritables locomotives publicitaires. Selon Challenges, les licences rapporteraient une cinquantaine de millions d’euros aux éditeurs, un marché en hausse de 25% par an. Le Pdg de Dargaud-Dupuis-Lombard l’admet, « les licences ne représentent que 10% du chiffre d’affaires des éditeurs mais elles apportent des marges de 40%, bien supérieures à celles des albums ». En tête des « bêtes » de pub, XIII qui, grâce à la licence octroyée à la Française des Jeux depuis 2000, a généré en cinq ans 500 millions d’euros de chiffre d’affaires! Titeuf arrive en deuxième position et rapporterait à Glénat 5 à 7 millions d’euros par an grâce aux produits scolaires griffés à son image. Quant à Largo Winch, il a fait le bonheur des parfums Dior…

Enfin, pour conclure ce dossier spécial BD, le magazine économique s’est amusé à étudier les méthodes de management du multimilliardaire Largo Winch. Si les aventures économico-financières de Van Hamme restent crédibles (l’auteur fait valider ses scénarios par des spécialistes), Challenges recale tout de même Largo en tant que manager de l’année: un conseil d’administration sans réel poids, pas de délocalisation dans des pays à moindres coûts ni même de licenciements… Bref, Largo Winch est un patron trop extraordinaire!

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