Bécassine fête son centenaire en 2005

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Apparue en février 1905, notre Bretonne nationale aura droit cette année à toute une série d’hommages, dont une expo dès le 25 janvier.

C’est le 2 février 1905 qu’Annaik Labornez, alias Bécassine, apparaît pour la première fois dans les pages du premier numéro d’un journal destiné aux petites filles, La Semaine de Suzette. La première planche est signée Jacqueline Rivière pour le scénario et Joseph-Porphyre Pinchon pour les illustrations. Elle aurait été imaginée au pied levé, pour éviter une page blanche à cause d’un auteur ayant fait faux-bond au dernier moment.

Le scénario sera repris dans les années 1910 par Caumery, pseudo de Maurice Languereau, l’éditeur de La Semaine de Suzette. Le journal continuera de publier les aventures de cette brave fille à la bouille ronde et au nez en bouton jusqu’en 1950. « Bécassine » sortira également en albums à partir de 1913: 26 signés Pinchon dont le dernier, posthume, en 1992 (« Bécassine au Studio ») ainsi que deux albums dessinés par Trubert entre 1959 et 1962 (« Bécassine revient » et « Bécassine mène l’enquête ») qui utilisent les phylactères au lieu des textes placés sous l’image.

Pour célébrer le 100e anniversaire de la naissance de cette héroïne pas toujours très futée, plusieurs manifestations et ouvrages sont attendus tout au long de l’année.

  • La Fnac Montparnasse à Paris ouvre le bal avec une exposition du 25 janvier au 15 février 2005. Avant de devenir itinérante, l’expo montrera des dessins originaux réalisés par de nombreux auteurs qui ont tiré le portrait de Bécassine à leur façon, de Wolinski à Zep en passant par Jacques Faizant. Des croquis d’une vingtaine de couturiers (Gilles Dufour, Karl Lagerfeld, Olivier Lapidus, Paco Rabanne, Sonia Rykiel…) qui ont rhabillé ou déshabillé Bécassine seront également présentés.
  • Le 26 janviersuzette.jpg sortira chez Gautier-Languereau un album inédit de Bécassine (« Les Petits Ennuis de Bécassine », 48 pages, 12,50 euros), réalisé à partir de planches publiées du 1er janvier au 27 mai 1948 dans La Semaine de Suzette. Mais même si le récit porte la signature de Caumery au scénario, il n’a pas pu en être l’auteur puisqu’il est décédé en août 1941. Si plusieurs hypothèses ont été lancées (la femme de Languereau? la nouvelle rédactrice en chef de la revue?), chez l’éditeur en tout cas, on affirme ne pas savoir qui est le scénariste de cet ultime ouvrage inédit.

    « Les Petits Ennuis de Bécassine » raconte le Paris occupé et les actions de résistance de Bécassine. Notre ingénue provinciale, montée à Paris afin de s’occuper du ménage de M. Proey-Minans, fait de la résistance à son insu et devient agent de liaison, sans se rendre compte un seul instant du danger qu’elle court.
  • Si Bécassine n’est pas dans le récit consciemment impliquée dans la Seconde guerre mondiale, il n’en fut pas de même dans la réalité. C’est ce qu’explique l’historien Bernard Lehembre dans « Bécassine, une légende du siècle » (168 pages, 25 euros), un ouvrage qui sort en même temps que l’album, toujours chez Gautier-Languereau. 48 heures après leur entrée dans Paris en 1940, les Allemands saisirent en effet les albums de Bécassine d’avant-guerre de la Bibliothèque nationale, considérés comme des ouvrages subversifs germanophobes. D’ailleurs, dans « Bécassine chez les Alliés », la petite Bretonne ne tapait-elle pas sur les tapis en les appelant « sales Boches »?

    Bernard Lehembre voit également Bécassine comme un modèle de la femme moderne. Premier personnage féminin à tenir le premier rôle, elle multiplia les métiers, fit de l’alpinisme, conduisit des voitures et des avions, etc. Quant à Francoise Dolto, elle disait d’elle qu’elle était la première nourrice (Bécassine était chargée de la garde de la petite Loulotte) qui s’intéresse à l’enfant en tant que personne en devenir. becassinepoupee.jpg

    Pour autant, Bécassine n’est certainement pas une féministe. Elle cherchait avant tout à résoudre les problèmes avec une candeur et un franc-parler déconcertants mais il ne s’agissait pas pour elle de remettre en cause volontairement la société.
  • Une autre exposition sur Bécassine aura lieu du 29 janvier au 29 mai 2005 au Musée de la Poupée à Paris où en plus de poupées rares et anciennes de Bécassine et de leurs trousseaux, l’exposition présentera des exemplaires de La Semaine de Suzette, les albums originaux, des objets insolites, etc. Comme la naissance de Bécassine correspond aussi à la naissance de la revue, le musée exposera également des poupées de Bleuette, autre personnage mythique de la revue. Au total, près d’un millier d’objets seront présentés, venant aussi bien du fonds du Musée que de collections particulières.
  • Au printemps, La Poste éditera un timbre à l’effigie de Bécassine.

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