Cyril Liéron: « Un hommage à Sherlock Holmes »

« Dans la tête de Sherlock Holmes » n’est pas une énième enquête du célèbre détective de Baker Street. Cyril Liéron et Benoit Dahan emmènent le lecteur dans l’esprit d’Holmes et l’invitent à observer la moindre case pour y dénicher un indice afin de résoudre cette énigme inédite. C’est brillant et excitant aussi bien d’un point de vue graphique que narratif.

Qu’est-ce qui vous plait dans le personnage de Sherlock Holmes ?
Cyril Liéron. Je l’ai connu très tôt par les films, mais je ne l’ai vraiment lu que vers 20/25 ans. J’ai trouvé que c’était presque le premier super héros. Il possède une intelligence hors normes, une force assez exceptionnelle, maîtrise aussi l’art de la boxe et sait faire beaucoup de choses. Néanmoins, il reste humain. C’est en effet un personnage faillible, pas toujours très aimable, dépressif et drogué. C’est ce qui le rend intéressant et attachant.

Pourquoi avoir choisi d’écrire une enquête inédite ?
C.L. Cela s’est précisé très vite. Il y a déjà eu beaucoup d’adaptations de Sherlock Holmes. On avait vraiment envie de rendre hommage à ce personnage tout en se faisant plaisir en écrivant notre propre enquête à la façon de Conan Doyle. Avec Benoît Dahan, on aime beaucoup ce personnage, mais aussi l’époque victorienne.

Quels sont les codes à respecter quand on écrit une enquête de Sherlock Holmes ?
C.L. Il faut distiller des informations qui peuvent avoir l’air banal, mais peuvent néanmoins révéler des choses assez importantes. C’est une réflexion que Holmes fait souvent à Watson : vous voyez les choses, mais vous ne les observez pas. On a essayé de jouer sur ce côté très prononcé de la déduction relativement simple. On a donc distillé des indices tout au long de l’histoire.

Une deuxième lecture va donc s’imposer pour redécouvrir ces indices…
C.L. Je le pense. On s’est appliqué à mettre beaucoup de détails. Si on prend le temps d’observer les choses, on peut en déduire des éléments importants. Une deuxième ou une troisième lecture ne feront donc pas de mal (sourire)….

Est-ce que cette enquête est votre première idée ?
C.L. Benoît (Dahan), un ami de longue date, est venu avec ce concept de pénétrer et d’utiliser le vocabulaire de Conan Doyle (la mansarde, les fils rouges…) et d’essayer de les traiter graphiquement dans une bande dessinée. Quand on a décidé de s’y mettre quelques années plus tard, on voulait un thème qui ne trahissait pas ce que Conan Doyle aurait pu faire. On n’a alors pas hésité sur plusieurs possibilités d’enquêtes différentes. On a fait le choix d’une histoire forte.

Cette enquête est originale, car elle ne démarre finalement pas sur un vrai méfait. Sherlock Holmes enquête juste sur un homme retrouvé amnésique et en état de choc…
C.L. Cela arrive dans certaines nouvelles de Conan Doyle comme « Les hêtres rouges » ou « La Ligue des rouquins ». On est donc resté dans le canon avec quelque chose qui semble anodin et qui en fait a une portée beaucoup plus grande.

Grâce aux habiles trouvailles graphiques de Benoît Dahan, on retrouve un peu la modernité de la série télé « Sherlock » avec Benedict Cumberbatch. Cela a été une influence ?
C.L. Une influence notamment dans la façon de traiter l’information, mais de façon relativement modeste, car je n’ai pas vu tous les épisodes de cette série. J’ai beaucoup apprécié la première saison. J’étais pourtant un peu craintif de voir Sherlock Holmes transposé à notre époque moderne. J’avais peur de ne pas m’y retrouver, or c’est extrêmement bien réussi. Le personnage de Sherlock Holmes est assez fidèle au roman. C’est une prouesse. J’ai ensuite décroché sur l’adaptation des « Chiens de Baskerville » que j’ai trouvé ratée, car trop éloigné de l’histoire originale.

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne

(sur Twitter)

« Dans la tête de Sherlock Holmes – Tome 1. L’affaire du ticket scandaleux » par Cyril Lieron et Benoît Dahan. Ankama Editions. 14,90 euros.

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