Barly Baruti: « Un plaisir de dessiner Kinshasa »

Pour dessiner les dessous du combat du siècle entre Ali et Foreman, Thierry Bellefroid a fait appel à Barly Baruti. Né au Congo belge, le dessinateur de Madame Linvingstone a pris beaucoup de plaisir à faire revivre le Kinshasa des années Mobutu.

Comment est né cet album ?

Barly Baruti. Pendant la promo de mon album précédent « Madame Livingstone », j’ai été invité par Thierry Bellefroid à la RTBF. Il avait apprécié l’approche qui était développée tout au long de l’album. Thierry, qui est un ami de longue date, m’a recontacté quelques jours plus tard pour me proposer de bosser sur un des scénarios qui dormaient dans ses tiroirs. L’histoire se passe notamment à Kin lors du combat du siècle  entre Ali et Foreman. Cela m’a tout de suite plu.

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C’est un devoir de mémoire de raconter les années Mobutu ?

B.B Pas nécessairement. Disons qu’à chaque fois qu’il m’est donné l’opportunité de parler de l’Afrique en général et du Congo en particulier, je considère cela comme un « devoir sacré ». Cela me permet de faire valoir mon angle de vue, ma vision, fût-ce telle graphique. Et le scénario de Thierry m’a donné cette belle occasion.



De ce fait, ce livre a-t-il été particulier à dessiner pour vous ?

B.B Pas outre mesure. J’estime que le moindre détail dans le dessin a son importance dans une histoire. Cela se retrouve dans tous mes albums, car ça aide les lecteurs à immerger dans le récit. Et Kinshasa, je connais bien. Certains moments où on s’est retrouvé avec Thierry à Kinshasa sont évoqués dans l’album.



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Quels souvenirs gardiez-vous de cette époque ?

B.B De la période du combat du siècle, je garde le souvenir d’un Zaïre fort et fier. À 15 ans à peine, je n’ai pas été nourri des analyses qui présentaient Mobutu sous l’angle d’un dictateur, d’un despote. Cela est arrivé après… On a bu ses paroles et on a été ébloui par ses actions « bling-bling ». L’événement de ce match de boxe en était une. On en était fier !

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Est-ce que cela a aidé Thierry Bellefroid pour écrire son scénario ?

B.B Toute l’intrigue de ce récit fiévreux vient complètement du « cerveau fureteur » de Thierry ! Comme dans toute collaboration sérieuse, nous en avions parlé ensemble et je lui ai fait part de certains souvenirs qui remontaient à la surface et qu’il a su harmonieusement placer dans le récit.



Kinshasa est votre ville ?

B.B Je suis natif de Kisangani (ex-Stanleyville), située au nord-est du Congo. Kinshasa, la capitale est mon « musée ». Le lieu de tous mes repères. Kinshasa a beaucoup changé physiquement, mais a gardé son esprit : éveillé et obscur, tourmenté, espiègle et gai.

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Quels défis avez-vous dû relever pour recréer la ville de 1974 ?

B.B Le défi de l’authenticité de l’ambiance était de taille. Mais on a eu de la documentation de première main de la part des personnes qui étaient aux premières loges, parmi lesquels le photographe personnel de Mobutu, le pilote zaïrois qui a amené Ali à Kinshasa à bord du DC 10 d’Air Zaïre… J’ai pris un plaisir à dessiner Kinshasa autant que celui d’y avoir vécu.

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne

(sur Twitter)

« Chaos debout à Kinshasa » de Thierry Bellefroid et Barly Baruti. Glénat. 22 euros.

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