UNE EPAISSE COUCHE DE SENTIMENTS

Le monde inhumain des ressources humaines. Une satire sociale doublée d’un mélo qui a du mal à convaincre.

Stanislas Réveillère est un salaud de la pire espèce, le DRH d’une entreprise florissante capable de virer n’importe qui sans sourciller, fusse-t-il employé dans la société depuis 20 ans. Quand on lui dit que sa mère, qu’il n’a pas vu depuis des années, est en train de mourir, il se rend tout de même à son chevet sans se douter des révélations qu’elle va lui faire.

Ne vous attendez pas à vous bidonner en lisant une petite comédie pleine d’ironie sur les ressources humaines en entreprise. « Une épaisse couche de sentiments » est de ces satires sociales qui mettent plutôt mal à l’aise. Car son héros, Stanislas Réveillère, est une véritable ordure. C’est un « killer » sans pitié, sans remords et sans coeur qui dégraisse plus vite que son ombre au sein de son entreprise. Une absence de sentiments qu’il a érigé en véritable art de vivre, y compris dans sa vie privée.

Les ambiances sont froides et minimalistes, les dialogues incisifs mais finalement l’album ne dénonce rien que nous ne sachions déjà: pour les grosses entreprises, les salariés sont des pions jettables à volonté. Nos journaux sont plein de ces exemples où des salariés se retrouvent virés après avoir passé des décennies dans la société et où le personnel parti en vacances retrouve l’entreprise porte close à son retour.

« Une épaisse couche de sentiments » ne parvient donc pas à surprendre vraiment. Tant au niveau de la critique sociale que de la petite histoire qui s’y greffe d’ailleurs. Même si on oublie son caractère peu crédible, on se doute trop rapidement que la révélation de la mère de Reveillère ne changera pas le bonhomme. Seule la fin de l’album – la rencontre du héros et de son ancien « disciple » – constitue une petite surprise.

Dupuis

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