TOUT DOIT DISPARAITRE!

Dans un futur où les multinationales ont définitivement pris le pouvoir, les Sous-Réalistes tentent de résister. De l’humour noir très efficace.

Une Assemblée nationale arborant sur son fronton la devise « Consommez pour être heureux »; des représentants de Coca Cola, Danone ou Microsoft sur le banc des députés; des citoyens forcés de consommer les produits dont la marge est en baisse sous peine de se voir confisquer rien de moins qu’un bras, un oeil ou une jambe… La société de 2042 dans laquelle vit Satya ne donne pas franchement envie. Mais en tentant d’échapper à la police de la consommation, la jeune femme tombe sur les Sous-Réalistes, un groupuscule d’irréductibles qui ont osé taguer sur la façade d’une galerie marchande un provocateur « non à la consommation! ». Ensemble, ils vont essayer de renverser le « Système ».

En préambule, les auteurs ont beau avertir le lecteur que « toute ressemblance avec des personnes ou des marques existantes est purement fortuite », on n’en croit évidemment pas un mot. Certes la parodie de la société est poussée à son paroxysme – les grands groupes multinationaux contrôlant le pouvoir politique et faisant passer le profit de leurs actionnaires avant le bien-être de la planète et celui des consommateurs – mais sur bien des points elle n’est pas si éloignée que cela de la nôtre. Surtout « Tout doit disparaître! » est l’oeuvre de Guillaume Podrovnik, Antoine Silvestri et Boris Fleuranceau (décédé du paludisme en août dernier), auteurs du Journal du futur écoutable sur le Net et fondateurs du collectif des Sous-Réalistes, ceux-là mêmes qu’on retrouve dans la BD.

Tout en s’appuyant sur un dessin sympa et surtout un humour noir corrosif efficace, l’histoire fait froid dans le dos. Dans cet album où l’on rit (beaucoup) jaune, le trio d’auteurs va loin dans sa dénonciation mais évite une vision manichéenne du sujet qui aurait rendu le scénario moins crédible. Dans un monde où les différentes forces en présence ne sont ni toutes noires ni toutes blanches, les Sous-Réalistes vont devoir faire face à un ennemi inattendu: la récupération publicitaire, les agences de pub adorant les insoumis qui permettent d’écouler plus de marchandise! On ne vous dit pas comment cela se termine pour que achetiez sans hésitation l’album et que vous aussi participiez à cette grand entreprise qu’est la consommation!

Editions Danger Public

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