ROUGE EST MA COULEUR

Une fille camée jusqu’aux yeux, un coéquipier assassiné et une femme qui se fait la malle. Flic à Barbès, David Norlane va mener l’enquête tant bien que mal. Un polar noir comme la mort.

Ce n’est pas la première fois que Jean-Christophe Chauzy collabore avec un écrivain, en l’occurrence Thierry Jonquet sur « La vie de ma mère », « DRH » et « La vigie ». Cette fois c’est Marc Villard qui se prête au jeu en signant l’adaptation de l’un de ses propres romans: « Rouge est ma couleur » paru notamment chez Rivages/Noir en 1996.
Flic parisien, David Nolane perd son coéquipier et ami à la suite d’une opération ratée menée contre des trafiquants de drogue du côté de Barbès. Dans la foulée, il perd aussi sa femme qui le quitte. Bref, Nolane n’est pas loin de perdre pied, anéanti par le malheur. Le retour de sa fille – Zoé, une jeune toxico – à la maison pourra-t-il le sauver?

Chauzy aime les récits noirs et durs sur lesquels il peut apposer son dessin caractéristique: un trait noir épais et hachuré et surtout un très large éventail de couleurs choisi en fonction de l’ambiance. Le jaune des éclairages publics au fond des ruelles humides, le bleu de la télé allumée, le vert blafard des néons, le rose du quartier des sex-shops, le blanc de la neige, du froid et de la mort, etc.

Le ton est donc donné, « Rouge est ma couleur » n’a rien d’optimiste. Délinquance, drogue, prostitution, corruption et flics ripoux, c’est un Paris glauque, sordide et essentiellement nocturne dans lequel nous plongent Chauzy et Villard du début à la fin. Même si un peu d’espoir transparaît au travers du désir de Zoé de sortir de la spirale de la drogue et de reprendre une vie normale grâce à la musique et l’amour, le récit n’est pas réjouissant et met surtout en scène des gens cassés, las de leur vie. On ne s’attache pas totalement à ces personnages un peu trop marginaux et le découpage de l’album manque parfois de fluidité.

« Rouge est ma couleur » reste toutefois un album d’une grande force doublé d’une intrigue policière bien menée, qui soutient la comparaison avec les précédents albums de Chauzy.

Casterman

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