PANTHERE

Le prince Panthère vient réconforter la petite Christine dans sa chambre après la mort de son chat. Une fable sur un jeu de séduction dérangeant au graphisme incroyable.

La petite Christine est triste: son père vient de lui annoncer que son chat a été euthanasié… Mais la nuit venue, dans sa chambre, une drôle de panthère sort d’un tiroir pour la réconforter…

En nommant « Panthère » de Brecht Evens dans sa sélection officielle 2015, le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême a choisi un habitué: Prix de l’Audace en 2011 pour « Les noceurs » et sélection officielle en 2013 pour « Les Amateurs ». En tout cas, à défaut de voir en vrai le président de la 42e édition Bill Watterson, les visiteurs pourront découvrir ce jeune Belge de 29 ans qui met lui aussi en scène un enfant multipliant les conversations avec un félin poilu. La comparaison avec « Calvin & Hobbes » s’arrête là.

Car ce dandy prince héritier du pays féérique de Panthésia – Panthère de son vrai nom Octave Abracadolphus Pantherius – fait certes illusion aux yeux de la petite fille mais dérange tout de suite le lecteur à qui on ne l’a fait pas: ce Panthère est un personnage manipulateur aux amis bizarres voire inquiétants qui nous plonge dans une ambiance dérangeante, impuissants face au jeu de séduction malsain qu’il engage avec la petite fille.

Graphiquement, l’effet de surprise est de taille, surtout si on ne connait pas ses précédents albums: cet ancien élève de l’Ecole supérieure des arts Saint-Luc de Gand, en Belgique, mélange avec brio le transparent de l’aquarelle aux couleurs plus denses, l’abstrait et le figuratif, le tout avec luxe de jeu de perspectives et trompe-l’œil. Un gros travail est fait sur le personnage de Panthère dont la perception ne cesse de changer: charmeur et sympathique le plus souvent mais aussi plus inquiétant voire effrayant lorsqu’il se maîtrise moins… On est décidément bien loin de l’univers de « Calvin & Hobbes ».

Avis aux Parisiens, les planches originales de « Panthère » sont exposées à la Galerie Martel jusqu’au 31 janvier 2015.

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