MONSTRUEUSE PARADE

Deux frères, dont l’un est monstrueux physiquement, sont vendus à un cirque. Un conte original autour de la définition du terme « monstre ».

Ça commence comme un conte. Il était une fois la famille Filochet: le père est alcoolique et chômeur, la mère vient de perdre son boulot d’éboueur et leur fils aîné Gus est un monstre à tête de mérou. Seul, le fils cadet, Miquet, est un gamin bien mignon qui passe son temps à dessiner. Mais cela n’empêche pas les parents de se débarrasser de lui en le vendant en même temps que Gus au Dr Dalibar. L’homme tient un cirque où sont exhibés femme à barbe, homme-tronc, femme-araignée et autres bizarreries de la nature. L’arrivée de Miquet va bouleverser la vie de la troupe toute entière.

Spécialiste de l’humour noir et des histoires qui font froid dans le dos, Foerster a vraiment un faible pour les ambiances étranges, les personnages bizarres et inquiétants (« L’appel du fossoyeur », « La fée puzzle », « Hantons sous la pluie »). Cet univers peuplé d’êtres difformes, dérangeants qu’il a ici conçu pour son épouse dessinatrice Muriel Blondeau ne nous étonne donc guère. Mais à l’instar du célèbre film « Freaks » auquel on pense immédiatement, les monstres sont plus rigolos que réellement horribles et surtout ils sont plutôt attachants. D’ailleurs « Monstrueuse parade » pose une problématique intéressante: qui sont les monstres en réalité? ceux qui choquent l’oeil par leur physique et inspirent le dégoût? Ou bien ceux qui sous une apparence des plus convenables sont des êtres cruels assoiffés de pouvoir ou de vengeance? Le jeune Miquet qui passe du statut de gamin mignon à celui d’ange (Miquet l’ange!) puis de dieu vivant (de Créateur), va en faire l’amère expérience.

Le résultat vaut le coup d’autant que ce surprenant conte pour adulte est servi par un dessin original et de très jolies couleurs à l’aquarelle.

Casterman

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