MONSIEUR MARDI-GRAS DESCENDRES – Tome 2. Le télescope de Charon

Réédition en couleur d’une série de science-fiction sur la vie après la vie et un macchabée anarchiste bien décidé à ne pas s’en laisser conter. Un univers sombre et absurde à redécouvrir d’urgence.

Fraîchement trépassé, un ancien cartographe qui porte désormais le nom de Mardi-Gras Descendres, est recherché par la Milice depuis son évasion. Son refus de sa condition post-mortem – squelette prisonnier sur une planète lunaire – lui avait valu en effet un internement à Saint-Luc, lieu de redressement des esprits retors. Dans sa fuite, Descendres est recueilli par La Corniche, une société secrète qui s’oppose à l’ordre établi sous le commandement suprême du Septuagésime. La Corniche charge notre fuyard de cartographier le purgatoire à l’aide du télescope de Charon.

Après le tome 1 en juin 2004 (« Bienvenue »), c’est au tour du deuxième tome de cette série originale de faire l’objet d’une réédition chez Dupuis, accompagnée d’une colorisation par l’auteur lui-même. Les puristes préfèreront peut-être la version originale en noir et blanc mais cette version en couleur est ma foi fort réussie. L’ambiance froide et morbide est respectée et les couleurs se font discrètes, l’accent étant mis surtout sur les métaux dorés ornant les squelettes rafistolés. Cela présente d’ailleurs l’avantage de repérer plus facilement les personnages car rien ne ressemble plus à un sac d’os qu’un sac d’os…

C’est donc avec plaisir que l’on se replonge dans cette histoire fantastique où la mort est encore plus effrayante que ce que présente l’imagerie populaire. Loin de l’Eden espéré, les morts-vivants réduits à l’état d’os sont condamnés à « vivre » dans le « pays des larmes et de l’ennui », sans aucun avenir, justes bons à s’envoyer des boissons à base de détergent dans le gosier et à veiller précieusement sur leurs ossements.
Non seulement le dessin de Liberge est maîtrisé – tout en finesse et en détails – mais l’intrigue est également très riche, mêlant intrigue politique, questionnements métaphysiques et pointes d’humour. A (re)lire absolument.

Après la réédition prochaine du troisième tome, la collection Empreinte(s) de Dupuis accueillera un dernier album, inédit cette fois. Rendez-vous au premier semestre 2005.

Dupuis

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