LE SILENCE DE LOUNÈS

La révolte intérieure de Nourédine, fils d’immigrés algérien qui n’accepte pas la la^cheté de son père durant lka guerre d’indépendance. Un fresque sociale et familiale qui se mérite.

La guerre d’Algérie appartient au passé mais des décennies après ses cicatrices restent visibles. Baru a choisi de se pencher sur les traumatismes et les non-dits de cette période en racontant l’histoire de Giani et Nouredine. Le premier est fils d’immigrés italiens, le second de parents kabyles arrivés en France après la guerre. Les deux hommes ont grandi ensemble à Saint-Nazaire, sont unis comme les doigts de la main et travaillent aux chantiers navals dont la survie économique est menacée. Il sont tous deux syndicalistes. Mais Nouredine a aussi un autre combat à mener: une rage qui monte de l’intérieur vis-à-vis du silence de son père Lounès sur son passé et de sa lâcheté supposée durant la guerre d’indépendance.

Avec « Le silence de Lounès », Baru a cédé les crayons à Pierre Place (« Au rallye », « Celle qui réchauffe l’hiver ») – qui signe de belles planches aquarellées – pour se concentrer sur le scénario. Toujours porté sur la chronique sociale et l’étude de l’âme humaine, l’auteur de « Quéquettes Blues », « L’Autoroute du soleil » ou « L’Enragé » explore ici une impressionnante liste de thèmes: l’amitié, l’immigration, les conflits de génération, le monde ouvrier, la crise économique, la radicalisation syndicaliste et religieuse…

Mais la richesse des thèmes abordés autant que le découpage complexe – alternant lieux, époques et protagonistes pour comprendre la colère de Nouredine et ce qu’a vraiment fait Lounès pendant la guerre -, rendent la lecture de l’album un peu trop compliquée. On ne lit pas « Le silence de Lounès » l’esprit distrait, il faut se concentrer, voire même revenir sur les 140 pages de l’album. On pourra alors profiter pleinement d’un scénario cohérent et intelligent. Une histoire à la Baru.

Casterman

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