LE RETOUR A LA TERRE – Tome 4. Le déluge

L’arrivée d’un bébé dans une vie de couple est un véritable séisme. Manu et Mariette en font l’expérience, avec humour. Un quatrième épisode moins surprenant que les précédents mais néanmoins indispensable.

La sortie d’un nouvel album de Manu Larcenet est toujours un événement et a fortiori la garantie d’un succès en librairie (1). Le quatrième opus du « Retour à la terre », réalisé avec son ami Ferri, était donc attendu comme le loup blanc d’autant qu’on avait laissé Manu et Mariette en plan, en train de fêter la naissance de leur petite Capucine. C’est encore dans les couches jusqu’au cou qu’on retrouve la petite famille usée par des nuits sans sommeil alors que, dehors, un véritable déluge s’abat sur les Ravenelles.

La série aurait-elle atteint un tournant? Jean-Yves Ferri semble avoir fait le tour du thème des joies la vie à la campagne, dans son nouveau scénario. Le héros qui n’a cessé d’évolué au fil des albums est désormais papa et c’est de ce nouveau statut que découle une bonne partie des gags. Le système D pour endormir bébé, les nerfs qui lâchent, la peur de le confier à une tierce personne sont autant de situations plus conventionnelles qu’à l’accoutumée qui ont déjà été explorées dans de nombreuses bandes dessinées comme « Bébé blues » (Scott, Kirkman) ou « Max et Nina » (Dodo, Ben Radis). C’est bien vu, plein d’émotion et de tendresse mais pas forcément très original.

Heureusement, Manu Larssinet – sorte de double de papier de Manu Larcenet – n’est pas un héros comme les autres. Pour ce brave dessinateur qu’un rien perturbe, l’arrivée d’un bébé – qui ne s’endort qu’en écoutant Eddy Mitchell de surcroît – est forcément source de stress supplémentaire. Les crises d’angoisse, les cauchemars et les visions se multiplient et donnent lieu à quelques unes des séquences les plus absurdes de l’ouvrage… mais aussi les plus hilarantes en la personne de pacifiques Atlantes (« assez gros, tout verts avec des écailles »), juste « en villégiature dans la région ».

En fait, étonnamment, les gags les plus réussis sont ceux où la petite Capucine n’intervient pas et dans lesquels on retrouve les personnages secondaires des précédents albums (la vieille voisine bourrue Madame Mortemont, l’ermite de l’arbre et ses conseils avisés, Monsieur Henri l’agriculteur). L’épisode du voyage à Paris de Manu en compagnie de Mme Mortemont est à ce titre irrésistiblement drôle. On y retrouve avec soulagement et grand plaisir ce qui fait du « Retour à la terre », une série décidément incontournable.

(1) De fait, dès sa sortie, l’album s’est placé au troisième rang du classement Datalib des ventes de livres de Libération.

Dargaud

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