LE PÉRIL VIEUX

L’âge de la retraite passe à 79 ans et les vieux prennent le contrôle du marché de l’emploi. Un recueil de gags en demi-teinte à l’humour scato facile.

Ca y est, ça devait arriver: pour pouvoir partir à la retraite, il faudra avoir 79 ans et avoir cotisé 57 ans et deux trimestres. Nous sommes en mai 2019 et un monde du travail vampirisé par les petits vieux est bel et bien né. Bienvenue à l’institutrice frappée d’Alzheimer, à l’ambassadeur de France au Sénégal qui se croit encore au temps des colonies ou aux versions suppositoires pour tous les médicaments.

Après « Le monde merveilleux des vieux », Laetitia Coryn récidive dans le portrait d’un 3e âge bien dans ses charentaises et dans son corps tout flasque. Bref, les vieux sont branchés et décomplexés et assoient avec autorité leur domination sur les jeunes. L’idée de départ est bonne et le trait semi-réaliste de la dessinatrice est expressif malgré les lunettes posées invariablement devant les yeux de ses personnages. On sourit même à la vision de ces mamies embauchées comme gogo danseuses ou déménageuses féministes topless. Mais Laetitia Coryn n’est pas allée assez loin dans la caricature de cette gérontocratie, ou plutôt elle s’est concentrée uniquement sur le côté scatologique de la chose. Le petit vieux fait caca et pipi partout, porte des couches culottes, aime sodomiser son chat et trouve géniale l’idée de porter un implant Google dans les fesses… n’est pas qui veut. Le résultat est d’autant plus lourdingue que les allusions scato à la Vuillemin sont le plus souvent gratuites, sans qu’on comprenne le lien avec le scénario de départ. Sur le conflit de générations et les habitudes des vieux moquées, on préfèrera largement « Geekwar » de Mo/CDM, paru chez Fluide Glacial.

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