LE GOUT DU CHLORE

C’est l’histoire d’un mec qui a une scoliose et qui va a la piscine. 135 pages pour retranscrire avec un minimalisme efficace une rencontre amoureuse.

La piscine ce n’est pas son truc et pourtant le kiné ne lui a pas laissé le choix: des séances de dos crawlé ou sa scoliose ne s’arrangera pas. Avec ses vestiaires un peu glauques, son goût de chlore qui prend au nez et ses nageurs anonymes qui enchaînent les longueurs sans échanger un regard, la première séance s’avère plutôt déprimante. Mais sa rencontre avec une jeune championne de natation va vite le motiver.

Hydrophobes s’abstenir. Hormis le cabinet du kiné, l’album se déroule exclusivement à la piscine, dans, sous ou à côté de l’eau! De quoi, pour ce jeune dessinateur de 24 ans, décliner une impressionnante palette de bleus, de bleus turquoise et autres bleus piscine sur un dessin moderne et fluide qu’on a déjà pu découvrir dans la collection KSTR (« Elle(s) »).

Du jeune nageur, on ne connaîtra ni son âge ni son prénom, pas plus que ceux de la nageuse. Bastien Vivès a voulu rester dans la symbolique, éviter tout repère, qu’il soit de temps ou de lieu. Car « Le goût du chlore » s’attache avant tout à montrer la naissance d’une relation et d’émotions à travers des regards ou des attitudes plus que des paroles. La plupart des planches sont donc silencieuses. Normal après tout, on ne parle pas quand on nage; on se concentre sur ses mouvements, on regarde les autres ou bien la verrière au plafond.

Ce huis-clos de 135 pages aurait sans doute pu être plus court car finalement il ne se passe pas grand chose. Mais aurait-on retrouvé aussi efficacement cette atmosphère particulière de piscine avec ses odeurs et ses bruits? Pas sûr.

Casterman

Share