LE DERNIER PHARAON

Une mystérieuse source électromagnétique irradie depuis le palais de justice de Bruxelles. Le professeur Mortimer est envoyé en son coeur pour découvrir ce qui s’y trame. Une sorte de suite au « Mystère de la Grande Pyramide » mais surtout une plongée dans l’univers de Schuiten. Un bel album hommage.

Des années après son aventure au coeur de la Pyramide de Kheops (« Le Mystère de la Grande Pyramide ») aux côtés du colonel Blake, le professeur Mortimer est invité au palais de justice de Bruxelles par son ami Henri. Ensemble, ils mettent au jour, derrière un mur recouvert de hiéroglyphes, un puissant rayonnement inconnu provoquant de terribles hallucinations et un immense champ électromagnétique incontrôlable empêchant tous les appareils électroniques et informatiques de fonctionner à des lieues à la ronde. Mais que se passera-t-il si l’armée envoye des missiles nucléaires pour tenter de détruire le rayonnement?

Si à l’origine du « Dernier pharaon », il y a les quelques lignes d’une note d’intention d’Edgar P. Jacobs (Olrik se cachant dans le palais de justice de Bruxelles pour y brouiller les ondes) qu’un journaliste du Soir montre à François Schuiten, l’album n’est pas une suite « officielle » des aventures de colonel Blake et du professeur Mortimer mais plutôt un album hommage qui a nécessité quatre ans de travail. Partant de ce postulat, nul besoin de dénoncer à cor et à cri ses incartades par rapport à l’univers de la série originale.

Car certes le dessin de Schuiten n’a rien à voir avec la ligne claire de Edgar P. Jacobs. Un peu statique dans la représentation des personnages, son dessin hachuré réaliste proche de la gravure met en scène de manière spectaculaire la ville de Bruxelles, ses bâtiments et ses entrailles, plongeant dans des décors grandioses qui donnent le vertige. De quoi ravir les amateurs des « Cités obscures » qui ne manqueront pas de repérer les autres thèmes chers au dessinateur bruxellois, de l’importance des rêves à la puissance mystérieuse de la nature en passant par les labyrinthes.

Bref, « Le Dernier pharaon » offre un un décorum fantastico-urbain très réussi qui suffit à faire oublier un scénario (mis au point à trois avec le cinéaste Jaco Van Dormael et l’auteur jeunesse Thomas Gunzig) un peu confus où il est question d’ésotérisme, d’égyptologie, de complots millénaires, de terrorisme, de montres préhistoriques et d’écologie… On ne retiendra pas non plus que, ô sacrilège pour les puristes, Blake et Mortimer ont bien vieilli et que leur amitié semble aussi en avoir pris un coup. « Le Dernier Pharaon » bouscule les codes de la série et permet de réunir autour de lui les amateurs d’Edgar P. Jacobs et ceux de Schuiten.

Dessinateur: François Schuiten – Scénaristes: Jaco Van Dormael, Thomas Gunzig et François Schuiten – Editeur: Editions Blake et Mortimer – Prix: 17,95 euros.

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