LE CROQUEMITAINE – Tome 1

Le croquemitaine fait peur aussi aux adultes. C’est ce que vont découvrir à leurs dépens trois gamins à travers cette histoire bien menée et bien construite.

Trois enfants de 9 à 17 ans, en cavale, volent un peu de nourriture sur les étals du marché de Mensfield, une petite ville qu’ils traversent. Mais la réaction des habitants est disproportionnée par rapport au larcin, ceux-ci n’hésitant pas à les poursuivre et prêts à faire usage de leurs armes. Les enfants vont se rendre compte que l’agressivité des habitants à l’encontre des étrangers est exacerbée par un croquemitaine qui sème la terreur sur la ville.

Le mythe du croquemitaine revisité par Filippi et Lebeault. Ce personnage imaginaire, dont on menace d’habitude les enfants pour les effrayer et s’en faire obéir, semble ici faire peur à tous les adultes, policiers compris. Conte fantastique ou drame bien réel? Difficile de le dire à la lecture de ce premier tome car du croquemitaine (du moins imagine-t-on qu’il s’agit de lui) on n’aperçoit que la cape rouge et une main de fer.
Le fantastique est en tout cas un domaine de prédilection pour les auteurs: que ce soit dans « Un drôle d’ange gardien » avec Sandrine Revel, «Gargouilles» avec Etienne, ou « Le livre de Jack » avec Boiscommun, Filippi se fait une spécialité des contes dont les héros sont des enfants confrontés à d’inexplicables phénomènes.

De même, «Horologiom» de Lebeault nage en plein fantastique. Mais ici le dessinateur a quelque peu délaissé son style habituel, très cartoon, pour un genre plus réaliste, très élégant. Les personnages manquent un peu d’expressivité mais il y a du mouvement et l’ambiance très Paris début de siècle est agréable.

Par ailleurs, le récit suscite l’intérêt d’emblée car les premières planches sont assez énigmatiques: on ignore totalement qui sont ces gamins puis, petit à petit, par quelques flash backs disséminés dans l’album ici et là (et bien identifiables par les couleurs et l’absence de dialogues), on comprend d’où ils viennent et quel est leur but.

Finalement, sans être révolutionnaire, le premier tome de «Croquemitaine» est assez prenant et se lit facilement.

Dupuis

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