LAÏKA

Une tranche d’épopée spatiale avec la mise sur orbite de la chienne russe Laïka en 1957. Didactique mais aussi un peu trop larmoyant…

Le 4 octobre 1957, l’Union soviétique met en orbite Spoutnik 1, le premier satellite artificiel. Une propagande géniale vis-à-vis du monde entier et en particulier des Américains… à tel point que Khrouchtchev ordonne un nouvel exploit juste un mois plus tard, pour le 40e anniversaire de la Révolution rouge. Cette fois, une chienne sera du voyage: Laïka.

A travers le destin exceptionnel de cette petite chienne, c’est l’histoire de la conquête de l’espace par les Soviétiques sur fond de guerre froide que nous propose Nick Abadzis, auteur entre autres de romans graphiques (« Millennium Fever », « Children of the voyager »…) et qui a reçu pour « Laïka » l’Eisner Award du Best Teen Graphic Novel.

Si le trait y est plutôt simpliste, le récit est lui très documenté et on ne doute pas de l’important travail de recherche effectué en amont par l’auteur qui a épluché les archives, des étagères de la British Library jusqu’à la maison de l »ingénieur Korolev à Moscou. Très appréciable également, la mise en perspective de l’histoire dans le contexte historique: la propagande politique comme objectif principal de ces recherches scientifiques, l’endoctrinement et le dévouement des participants à cette épopée spatiale malgré un climat de terreur… Cependant, afin de donner plus d’humanité à cet album de 200 pages découpés en petites cases, Abadzis a également imaginé les premières années de Laïka, de sa naissance jusqu’à son adoption par l’Institut d’Aéronautique soviétique, puis le profond attachement éprouvé par la jeune Yelena, maître-chien en charge des chiens de laboratoire. Résultat, figure centrale de l’ouvrage, Laïka – dont le nom fut surtout Koudriavka – est effectivement plus attachante mais ce trop plein de bons sentiments rabâché au fil des pages finit surtout par lasser d’autant qu’il y a des longueurs et que le lancement de la fusée, lui, se fait attendre.

Ironie du sort, au bout du compte, la postface nous apprend que le voyage de Laïka eut finalement une valeur scientifique minime et que sa contribution au premier voyage de l’homme dans l’espace (Gagarine en 1961) fut limitée.

Dargaud

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