LA VOLEUSE DU PERE-FAUTEUIL – tome 2. Les heures noires

Un récit fantasque et drôle d’Omond et Yoann mêlant efficacement amour, cambriolage et lutte des classes !

Ariane, la Voleuse du Père-Fauteuil, et son amie Andrée sont de retour en Navarin après s’être exilées quelque temps avec les Modernistes en Bolonie. Mais accusées de meurtre, elles trouvent refuge dans les quartiers mal-famés de la ville, véritable cour des miracles où la révolte des petites gens gronde. En attendant de retrouver l’Homme-mystère, le voleur de baronnes modernistes, voilà une autre cause à défendre pour Ariane qui s’engage aux côtés des Insoumis.

Yoann et Omond nous entraînent encore plus loin dans les aventures romantiques et rocambolesques d’Ariane servies par des rebondissements variés et une narration endiablée, à la manière des romans feuilletons du XIXe siècle. La construction est plutôt basique et reste identique à celle du premier tome: trois cases horizontales par planche, rythmée régulièrement par des coupures de journaux. Le récit est pourtant dynamique – grâce aussi un trait nerveux et hachuré de Yoann -, on ne s’ennuie à aucun moment. Très elliptique sur le plan des images, le récit se doit donc d’être riche en texte: quelques dialogues et des commentaires (drôles, imagés et plein de piment) apportées par la narratrice, Ariane, viennent faire le lien.

Par rapport au premier tome, l’histoire entre l’Homme-mystère et Ariane est reléguée au second plan, les sujets traités sont aussi plus sérieux. Sous ces airs de comique de boulevard, « La voleuse du Père-Fauteuil » est une peinture des mœurs et de la politique terriblement efficace. Derrière les beaux discours et les idéaux, les intentions ne sont plus si pures et si louables. En grattant un peu, les manipulateurs et les profiteurs découvrent leur vrai visage. Quel que soit le courant de pensée, les masses sont manipulées pour l’intérêt d’une seule élite.

C’est ce qu’Ariane découvre à ses dépens au fil du récit. Car « Les heures noires » c’est avant tout l’histoire d’une jeune fille écervelée, tout juste sortie de l’adolescence, qui se cherche. Tant au niveau de l’amour (ses relations lesbiennes ne l’empêchent pas de rêver à son Homme-mystère) que de ses idéaux. Elle se lance aveuglément dans la politique, ca aurait sans doute pu être n’importe quoi. Après avoir pris fait et cause pour les modernistes dont elle sort déçue, elle embrasse aussitôt la cause des Insoumis. D’un idéal à un autre, il faudra que la réalité lui éclate une fois de plus au visage (un bain de sang en l’occurrence) pour qu’elle ouvre les yeux… Jusqu’à quand ?

Alors quelle sera la prochaine cause à trouver grâce aux yeux d’Ariane et à nous tenir en haleine par la même occasion? En saura-t-on davantage sur cet étrange Homme-Mystère? Comme tout bon feuilleton qui se conclut: la suite au prochain épisode….

En attendant, rien n’empêche de relire les deux premiers tomes pour en déguster toutes les finesses.

Dargaud

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