KUKLOS

Une histoire passionnante au cœur de l’Amérique profonde du milieu du XXe siècle, sur fond d’agissements du Ku Klux Klan. A ne pas manquer.

1922, sud des Etats-Unis. Thomas Jackson a 14 ans et découvre par hasard que son père est membre du Ku Klux Klan. Trente ans plus tard, ayant franchi un à un les échelons de la hiérarchie de cette société secrète prônant la supériorité de la race blanche, il est devenu chef de section. Mais son idéalisme se heurte à la soif de pouvoir d’un autre klaniste, Hummond, qui va mener une guerre intestine pour pouvoir prendre le contrôle de la section locale du Ku Klux Klan.

Après « Banquise » et son univers de glace, Sylvain Ricard et Christophe Gaultier nous plongent dans une histoire passionnante au cœur de l’Amérique profonde du milieu du XXe siècle, sur fond d’agissements du Ku Klux Klan. C’est une plongée dans un univers sombre, une atmosphère tendue sans bouffée d’oxygène. Il n’y a pas la moindre note d’optimisme ou d’espoir, la violence va crescendo et met mal à l’aise.

Pourtant « Kuklos » n’est pas une histoire moralisatrice. Les auteurs sont sans compassion mais ils ne portent pas de jugement. Bien sûr on ne peut prendre fait et cause ni éprouver de la sympathie pour les klanistes, tel n’est certainement pas le but des auteurs de toute façon. Mais on voit l’importance de l’éducation, du conditionnement dès l’enfance et l’effet d’entraînement sur les masses. Il n’y a pas de longs discours idéologiques sur la secte, ni à l’inverse de plaidoyer en faveur de la cause des noirs. En fait il s’agit surtout de l’histoire d’un homme au cœur d’une guerre de gangs.

Et cette histoire est d’autant plus passionnante que les deux auteurs manient avec efficacité les ambiances et les dialogues. Des dialogues qui, à l’instar de la voix-off sont très efficaces, incisifs comme une lame de couteau. Quant au dessin de Christophe Gaultier, tout en hachures et en jeu de contrastes et de lumières, il rend l’album encore plus noir. La mise en coleur informatique est également très réussie.

« Kuklos » résonne donc comme une confirmation pour deux jeunes auteurs qui avait déjà marqué les esprits avec leur premier album en commun, « Banquise ». Avec ce nouveau one-shot de 80 pages, en grand format, Sylvain Ricard et Christophe Gaultier signent une œuvre forte à ne manquer sous aucun prétexte.

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