JÉRÔME MOUCHEROT – Tome 5. Le manifeste du mâle dominant  

Celui grâce à qui l’angoisse de la frénésie du monde moderne n’est plus fait son grand retour. L’occasion de démontrer que sous ses airs de Français moyen, Jérôme Moucherot est un mâle dominant. L’occasion surtout de dresser le portrait du personnage à destination des nouveaux lecteurs.

Jérôme Moucherot n’est pas né de la dernière pluie mais sous le crayon de Boucq dans les pages du mensuel A suivre au début des années 80. Cet agent d’assurances hors normes a fait rêver les bédéphiles férus de surréalisme débridé durant quatre albums parus chez Casterman. Son crédo: tordre le cou à la peur du lendemain afin de permettre à tout un chacun de prendre en marche le train du progrès en laissant sur le quai les tracas du quotidien… Passé au Lombard, son retour était donc très attendu. Et à première vue, ce grand fauve à l’allure de monsieur Tout le Monde n’a pas changé d’un poil avec son ventre bedonnant, son stylo dans le nez et son costume cravate façon savane. Mais il ne vous était peut être pas apparu jusqu’ici qu’avant d’être un agent d’assurances M.Moucherot est surtout LE mâle dominant. C’est en tout cas la démonstration que nous fait dans ce cinquième opus un scientifique en tenue d’explorateur.

« Entrez dans son univers, mais ne venez pas vous plaindre après » nous dit-on en quatrième de couverture à propos de Moucherot. On ne se plaindra pas, trop heureux de le retrouver après treize ans d’absence, mais on ne pourra s’empêcher d’être un peu déçu. De la quête de l’âme sœur à la douceur du nid familial en passant par le domptage de son animalité et l’art du mimétisme, le tableau du mâle dominant est certes plutôt complet mais en 88 pages on aurait aimé découvrir une histoire plus construite au coeur de la jungle impitoyable de la modernité. Le dessin est toujours aussi bon (de la perspective vertigineuse d’un escalier aux animaux de la jungle), l’humour bien présent mais ce « Manifeste » composé d’une succession de saynètes s’avère finalement un peu creux et vise surtout à familiariser les nouveaux lecteurs de BD avec ce personnage emblématique du dessinateur du « Bouncer » ou du « Janitor ». Histoire d’être fin prêts pour une nouvelle vraie aventure, un délicieux régal d’absurde et de surréalisme comme Boucq nous en a déjà offert.

Le Lombard

Share