HELTER-SKELTER

Le destin tragique d’une top-model trop belle pour être vraie. Un manga passionnant et terrifiant de l’auteur de « Pink » sur une société soumise au culte de la beauté.

Un dessin peu travaillé, des personnages aux traits pas très beaux, certes le graphisme n’est pas des plus attrayants. Mais derrière lui se cache un manga primé au Japon et dont la lecture se révèle être une vraie bonne surprise.

« Helter-Skelter » est une chanson des Beatles mais désigne surtout un manège de fête foraine, une sorte de tour qu’il faut gravir avant de s’élancer dans un toboggan en spirale. Bref, une ascension suivie d’une descente infernale, voilà qui résume assez bien l’histoire de Lili. Une plastique parfaite, une carrière fulgurante, Lili la top-model a tout le monde a ses pieds. Mais tout était trop beau, Lili est un pur produit de la chirurgie esthétique et son corps commence à subir les effets secondaires des multiples opérations. Et quand d’autres jeunes femmes, belles naturellement, se mettent en travers de sa route, elle se transforme alors en criminelle.

Réalisé par l’une des auteurs féminines majeures de ces 20 dernières années au Japon, « Helter-Selter » décrit une société régie par la superficialité et le tout-consommable et où le plus fort sera le plus manipulateur. D’abord moqueur vis-à-vis de cet univers, « Helter-Skelter » s’assombrit rapidement. Il se fait d’ailleurs bien plus noir que « Pink », autre manga de Kyôko Okazaki (publié également chez Casterman) décrivant le quotidien d’une jeune femme employée de bureau le jour et prostituée la nuit.

Ici, on suit la folie gagner progressivement Lili et son inéluctable déchéance. De cette héroïne dont on ne peut être proche tant elle est égocentrique et tyrannique, on ne peut toutefois se détacher. Lili est à l’image de la couverture: fascinante et inquiétante. Les 320 pages de la bande dessinée racontent donc son désespoir, sa souffrance et la conscience qu’elle a de devenir un « monstre », le tout sur fond d’enquête policière sur des suicides de jeunes femmes ayant fréquentées la même clinique de chirurgie esthétique.

Casterman

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