CLICHES BEYROUTH 1990

Le récit autobiographique de Syvain et Bruno Ricard qui témoignent de ce que fut la vie quotidienne pendant la guerre du Liban. Passionnant.

En septembre 1990, Sylvain et Bruno partent quelques semaines à Beyrouth voir leur tante qui travaille pour la Croix-Rouge. Leur brevet de secouristes en poche, ils comptent bien donner un coup de main dans ce pays ravagé par la guerre. Evidemment tout ne se passera pas comme ils l’imaginent.

C’était il y a 14 ans et l’expérience fut apparemment tellement marquante que Sylvain et Bruno Ricard ont eu envie de raconter leur expérience dans un album de 160 pages. Pour le dessin, ils ont fait appel à leur complice Christophe Gaultier (« Banquise », « Kuklos », « Le cirque aléatoire ») qui s’est appuyé sur les nombreuses photos des deux frères pour retranscrire l’ambiance du pays.

Le Liban… On se souvient tous de ces images d’immeubles à moitié détruits et criblés de balles vues et revues à la télévision. Mais la population ? «Clichés Beyrouth 1990 » nous fait entrer dans le quotidien des Libanais qui font de leur mieux pour conserver une vie normale, malgré une guerre souvent invisible, malgré les bombes qui, chaque nuit, font trembler les meubles et les murs en tombant. L’album raconte les espoirs ou les traumatismes d’une jeunesse libanaise qui n’a pratiquement connu que la guerre. Il nous montre aussi les villes détruites, les hôpitaux démunis et les mutilés de guerre.

Au départ, le regard de Sylvain et Bruno est comme celui du lecteur qui n’a connu le conflit que de très loin. Les deux frères sont jeunes, plein de bonne volonté (« On a nos brevets d secouristes. Ils ont forcément besoin d’infirmiers! ») mais aussi d’insouciance (« Je pars à Beyrouth ! C’est trop cool ! »). Ils n’entendent rien à la complexité d’un conflit, caricaturé par les médias occidentaux, et dans lequel interviennent milices chrétiennes libanaises ou pro-arabes, Palestiniens, Israéliens, Syriens, etc. Peu à peu, grâce à des rencontres et la lecture du journal « L’Orient – Le jour », ils finissent par saisir un peu mieux la situation.

« Clichés Beyrouth 1990 », c’est donc le regard personnel et sobre de deux jeunes gens qui ne font rien d’héroïque mais dont le seul témoignage représente déjà beaucoup.

Et s’il fallait une bonne raison supplémentaire pour courir acheter l’ouvrage, sachez les auteurs reversent la totalité de leurs droits à une association d’aide aux personnes des quartiers pauvres de Beyrouth.

Les Humanoïdes Associés

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