CHUTE DE VELO

Une chronique familiale émouvante où se côtoient tendresse et tristesse, comique et tragique. Un album profondément humain qui se laisse savourer.

L’heure est venue pour Jeanne et Simon de vendre la maison familiale, l’état de santé de leur mère l’obligeant à vivre à l’hôpital. Le temps de nettoyer un peu la demeure, ils décident d’y faire venir une dernière fois leur mère. Voilà donc réunis autour d’elle, pour quelques jours, Simon, Jeanne avec son mari et ses enfants, leur neveu et un ami dévoué, Toussaint. Pendant que les adultes rangent, les enfants espionnent la maison d’en face en chantier: un maçon y forme son apprenti mais cela ne se fait pas sans tensions.

Etienne Davodeau n’a pas son pareil pour nous faire pénétrer dans le quotidien des gens avec naturel et fraîcheur. Ici encore, l’auteur de « Rural » nous fait découvrir une famille apparemment banale avec ses problèmes (une mère en fin de vie qui ne reconnaît pas ses enfants, un frère qui a coupé les ponts à cause d’une vieille querelle) mais aussi ses petites joies (des enfants plein de vie, une famille quasi réunie). Terriblement attachante en tout cas.

Le dessin est en parfaite harmonie avec le propos: les couleurs sont douces et chaudes, le trait est léger oscillant entre le réalisme et la caricature à l’instar du récit balançant entre comique et tristesse.

Mais au sentiment de sérénité se mêle un autre beaucoup plus pesant, voire inquiétant. On se demande d’où va venir le drame, où Davodeau veut nous mener. On sent bien qu’il va se passer quelque chose, qu’aussi sensible cette chronique familiale soit-elle, elle ne peut réellement constituer une histoire à elle seule. Des petits détails semblent à chaque fois nous ouvrir de nouvelles pistes: le gamin qui pousse son petit cousin dans les escaliers, Simon qui se prend une terrible gamelle à vélo, Toussaint qui épie Jeanne dormant nue dans sa chambre ou les réactions imprévisibles du jeune apprenti du maçon. Et pourtant non, la surprise ne viendra pas de là… Mais on n’en dira pas plus afin de ne pas gâcher le plaisir de la lecture.

Seul petit regret, la chute de l’album qui nous laisse un peu pantois. Après une histoire qui a pris ses aises sur les 80 pages de l’album, le final apparaît un peu trop vite expédié.

Dupuis

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