BD REPORTER – Du Printemps arabe aux coulisses de l’Elysée

Gaza, Ossétie du sud, Tunisie, Chappatte explore le monde et raconte ses reportages sur des planches de BD. Une manière intéressante de suivre l’actualité.

Il n’exerce pas son métier caméra sur l’épaule et s’il fait quelques photos c’est seulement pour insérer quelques portraits réels dans ses récits. Mais, crayon et papier à la main, Patrick Chappatte est dessinateur de presse et bel et bien grand reporter. Pour des journaux comme Le Temps de Genève ou The International Herald Tribune, il parcourt le monde depuis 1995. Avec « Du Printemps arabe aux coulisses de l’Elysée », il nous emmène aux source de la révolution arabe en Tunisie fin janvier 2011, dans les bidonvilles de Nairobi au Kenya en janvier 2010, à Gaza en janvier 2009, au coeur de l’Etat-confetti d’Ossétie du Sud en juin 2009, avec les rebelles de Côte-d’Ivoire en mars 2006 et à l’Elysée avant l’élection de 2007.

Les rencontres se succèdent, annoncées généralement par une photo de l’interviewé. On croise ainsi entre autres Mohamed, un Tunisien de 32 ans qui a tenté plusieurs fois de gagner l’Europe par la mer; Kelly, la fondatrice d’une société de sécurité à Nairobi, « la ville la plus dangereuse d’Afrique »; la petite Almaza dont une partie de la famille est morte sous les obus israéliens dans la bande de Gaza; Natasha et Volodya un couple de vieux Georgiens, parmi les cinq restants dans un petit village d’Ostéite aux maisons brûlées; Demba, un chef Dozo doté de pouvoirs magiques dont profitent les insurgés de Côte-d’Ivoire; Jérôme Seguy, chef du service de l’intendance à l’Elysée.

Principalement en noir et blanc, les planches sont réalistes, plutôt riches en détail. Là où le journaliste-dessinateur se distingue c’est qu’il se met lui-même en scène, le lecteur le suivant dans son enquête. « Je m’attarde sur les anecdotes, mes émotions et mes doutes – toutes choses bannies par les règles journalistiques mais qui font le sel du réel » explique Chappatte en préambule, précisant par ailleurs l’avantage selon lui du dessin sur la photo ou la vidéo: « le dessin donne à voir sans voyeurisme ».

L’album, dense et sérieux, a le mérite de bien montrer les différentes problématiques, seul le sujet sur les coulisses de l’Elysée étant plus léger. Et si les reportages de Chappatte datent pour certains de plusieurs années, force est de constater qu’ils sont encore toujours d’actualité.

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