AYAKO – Tome 3

Conclusion d’une série cruelle signée de l’auteur d’ «Astroboy». Quand pour sauver l’honneur des parents, les enfants trinquent… Noir, très noir, jusqu’au bout.

Témoin gênant d’un meurtre, la petite Ayako a été faite passée pour morte aux yeux du monde par sa famille. Au nom de l’honneur… A 27 ans, après être restée une vingtaine d’années recluse dans une cave, la jeune femme parvient à fuir le domaine familial de Yodoyama et se réfugie à Tokyo chez un certain Tomio Yutenji, caïd du milieu. De cet homme, Ayako ignore tout si ce n’est que durant toutes ses années, il lui a régulièrement envoyé de l’argent.

Comment une histoire racontant comment des destins se retrouvent broyés par l’orgueil pouvait-elle se terminer? Certainement pas comme un conte de fées en tout cas. Le dernier tome de ce triptyque signé d’un des plus grands mangakas contemporains est donc celui des règlements de compte.
Le témoignage social de ce que fut le Japon au lendemain de la Seconde guerre mondiale, la rivalité entre gangs et leurs liens avec le monde politique sont passés au second plan. Tout se recentre sur la tragédie familiale des Tengé. Au cours d’une sorte de huis clos réunissant les membres de la famille, les vieux démons à peine enterrés ressurgissent une ultime fois. Sur fond de souvenirs de meurtres, d’incestes, de viols, chacun des personnages montre son visage, monstrueux d’égoïsme, de lâcheté, de cupidité, de cruauté, etc. Bref, jusqu’au bout l’histoire est glauque et sans concession.

A l’image de l’album, le dessin – au trait très épais – est sombre. Mais s’il a le mérite d’être expressif, il n’est pas beau. Certes on reconnaît le style de Tezuka mais sur le plan du graphisme «L’histoire des Trois Adolf» et dans un autre registre «Astroboy» ou «Bouddha» sont beaucoup plus réussis. Ici, les proportions ne sont pas toujours respectées et les visages des personnages changent beaucoup d’un plan à l’autre. On se consolera en se disant qu’ainsi au moins on aborde, simplement, sans fioritures, une œuvre forte, extrêmement marquante.

La série «Ayako» avait été nominée au Festival d’Angoulême 2004 pour le prix du Patrimoine BD.

Delcourt

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