32 DECEMBRE

« 32 Décembre » parle de manipulation mentale et de clonage, mais surtout d’art et d’amour.

Cinq ans après « Le sommeil du monstre », le premier volume de la nouvelle trilogie de Bilal paru en 1998, le deuxième volet sort enfin. Leyla, Nike et Amir sont nés en 1993, ils ont partagé le même berceau d’orphelins dans un Sarajevo en guerre. Trente ans plus tard, leurs chemins se croisent de nouveau alors qu’Obscurantis Order, un mouvement intégriste dirigé par un certain Optus Warhole, vise à l’obscurantisme le plus total grâce à la violence. Mais dans ce 2e tome, c’est moins l’aspect géopolitique qui est mis en avant que les projets plus personnels de Warhole: faire du mal un art suprême… Tout commence donc par l’étrange invitation que reçoit Nike: une fête organisée par un très grand artiste, Jefferson Holeraw, à laquelle il est de rigueur de porter du blanc de la tête aux pieds.
« Le sommeil du monstre » était avant tout avant tout un livre sur la mémoire. « 32 Décembre » parle de manipulation mentale et de clonage, mais surtout d’art et d’amour. L’art parce que ce que démontre Bilal c’est que les guerres, les situations extrêmes provoquent chez les artistes une libération qui génère audace, qualité et violence. La folie du monde – devenu une véritable société de spectacle – engendre des actes artistiques fous.

Mais « 32 Décembre », c’est aussi un album plein d’amour et de romanesque. Leyla et Nike , Sacha et Amir, le ton est donné d’emblée. Cet album est donc plus intime que le précédent. Les décors sont très peu présents, comme estompés, au profit des gros plans sur les personnages. Quant au choix narratif, il participe aussi de cette intimité: profondément infuencé par le cinéma, Bilal a privilégié la voix off pour chacun de ses héros, en alternance. Et pour bien différencier visuellement lequel des personnages est en train de parler, son prénom apparaît en bord de page, un peu comme un story-board.

La palette habituelle du dessinateur s’est en outre enrichie. Bien sûr, on retrouve le gris et l’ocre qui mettent en valeur les fameux rouge sang et bleu glacier chers à Bilal. Mais dans ce 2e tome on trouve aussi du vert tendre, une couleur fraîche, pleine d’optimisme qui contraste avec les horreurs imaginées par Warhole…

La sortie d’un album de Bilal est toujours un événement. Une fois encore, « 32 Décembre » remplit toutes ses promesses. Espérons seulement que le dessinateur yougoslave ne nous fera pas attendre cinq ans encore avant de nous livrer le dernier volet de la trilogie.

Share