Noël Simsolo: « Des cinéastes au destin particulier »

Inaugurée avec deux premiers livres sur Sergio Leone et Lino Ventura, 9 ½ s’intéresse aux monstres sacrés du cinéma. Directeur de cette nouvelle collection parue chez Glénat, Noël Simsolo a scénarisé l’album sur le réalisateur italien.

Comment est née cette collection 9 ½ dédiée aux grands personnages du cinéma?
Noël Simsolo. Franck Marguin m’a proposé de diriger cette collection avec lui. Après discussions, on s’est mis d’accord sur un processus de départ, qui pouvait évoluer, avec des cinéastes et des acteurs. J’écrirais les premiers scénarios de la série sur les réalisateurs et nous déciderions ensemble des auteurs chargés d’écrire ceux sur les acteurs. Sauf pour Jean Gabin que je souhaitais faire moi-même.

Pourquoi les personnes plus que les œuvres ?
N.S. Ça ne m’intéressait pas de codiriger ou d’écrire des bandes dessinées sur la conception de films ou de making of.

Cette idée a rapidement séduit beaucoup d’auteurs ?
N.S. Oui. Mais ça demande discussions et précisions de leur part pour que Franck et moi donnions un aval. Être séduit est une chose, en être capable une autre, du moins dans l’esprit de cette collection.

Le cinéma est une influence majeure de la bande dessinée ?
N.S. Les deux expressions se sont développées conjointement au XXe siècle. Très tôt, les cinéastes se sont inspirés du style des bandes dessinées et de leurs découpages. Très tôt, des bandes dessinées ont été adaptées au cinéma… Et rappelons qu’Alain Resnais a écrit un texte fondamental sur le découpage des albums de Dick Tracy.

Vous racontez Sergio Leone dans une vraie biographie. « Lino Ventura et l’œil de verre » cherche davantage à cerner la personnalité de l’acteur. C’est cet angle qui vous a plus dans le projet d’Arnaud Le Gouëfflec et Stéphane Oiry ?
N.S. Si les bandes dessinées sur les réalisateurs répondaient à une volonté de biographie romancée, celles sur les acteurs autorisaient des approches plus ludiques ou expérimentales. Le talent d’Arnaud Le Gouëfflec nous a conduits à le contacter et l’accord de Stéphane Oiry nous combla. Ensuite, leur approche insolite n’excluait en rien le réel de la vie de Ventura. Honnêtement, je considère « Lino Ventura et l’œil de verre » comme une grande réussite.

Est-ce qu’il y aura encore d’autres façons de raconter ces personnages de cinéma dans vos prochaines sorties ?
N.S. 
L’essentiel est que ce que proposent scénariste et dessinateur respecte le réel des personnes mises en scènes. Les approches graphiques et les structures narratives varient bien entendu.

Beaucoup de livres sont en préparation ?
N.S. Sont signés et/ou en préparation: Jayne Mansfield, Patrick Dewaere, Alfred Hitchcock (deux volumes) et François Truffaut. Trois autres sont en discussion. On verra ensuite.

Qu’est-ce qui motive le choix d’un acteur ou d’un réalisateur ?
N.S. Dans un cas comme l’autre, il fallait choisir des comédiens ou des cinéastes ayant eu un destin particulier.

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne

(sur Twitter)

« Sergio Leone » de Noël Simsolo et Philan; « Lino Ventura et l’oeil de verre » de Arnaud Le Gouëfflec et Stéphane Oiry. Glénat, collection 9 ½. 22,50 euros.

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