Cathy Karsenty: « La musique est tellement évocatrice »

On se souvient (presque) tous de la première fois que l’on a entendu son groupe préféré ou du premier 45 tours acheté. Cathy Karsenty aussi. Cette illustratrice aux multiples casquettes s’est ainsi plongée dans ses « Pop memories » pour livrer un journal intime musical particulièrement frais et rythmé.

Vous remerciez Philippe Dumez, l’auteur de Basse fidélité, de vous avoir donné envie de vous plonger dans vos souvenirs…
Cathy Karsenty. C’est un ami qui m’a offert ce livre où l’auteur raconte ses souvenirs musicaux. J’ai trouvé génial de voir que cela réveillait mes propres souvenirs par ricochet. Dans la même période, un ami m’a raconté la première fois qu’il avait entendu « Bridge over troubled water » de Simon and Garfunkel. À la fin, j’avais l’impression d’avoir vécu son souvenir. Je me suis alors lancé. J’avais des tonnes de souvenirs qui venaient comme s’ils n’attendaient que cela. La musique est tellement évocatrice, rattachée à des milliers de petites choses, que ça sort tout seul. 



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Est-ce que cela vous a demandé néanmoins un peu de travail sur votre mémoire ?
C. K. Ma première séance de travail a duré une bonne partie de la nuit. J’ai dû en rédiger une quarantaine, sans forcément faire le story-board. J’ai essayé de ne pas avoir un dessin trop redondant. C’est pour cela qu’il y a plein de choses que je n’ai pas traitées, car je ne savais pas comment les dessiner. Après, il y a en effet des moments où il fallait gratter un peu pour faire revenir ces souvenirs. C’est finalement venu en discutant avec les gens.



Vous aviez d’autres références dans ce domaine des souvenirs musicaux ?
C. K. J’ai découvert que c’était un exercice assez courant. J’ai l’impression que ça parle aux gens. Je connaissais Georges Perrec et ses « Je me souviens » sur divers domaines. J’ai appris aussi en réalisant le livre que Gilles Verlant s’était aussi prêté à l’exercice avec « Je me souviens du rock ». Cela m’a stimulé. 



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Êtes-vous également lectrice de BD sur la musique ?
C. K. J’ai un peu replongé dans ma bibliothèque. Il y a « Jukebox » de Berbérian, édité chez Fluide Glacial, où il évoque des histoires complètes, donne un peu son avis sur certains artistes comme Elton John. C’est aussi l’occasion pour lui de dessiner les artistes avec le talent qu’on lui connait et c’est vraiment très beau. Il a également illustré des portraits écrits par Christophe Conte pour Les Inrockuptibles dans « La française pop ». C’est une grosse bible sublime. Il y a aussi « Haddon Hall – Quand David inventa Bowie » de Néjib.



N’est-ce pas parfois frustrant de se limiter à une seule page par souvenir ?
C. K. 
Au contraire, j’étais assez contente du format. Même si certains se déclinent en une planche, la grande majorité est traitée en un seul dessin. Cela m’allait assez bien. Des histoires auraient pu être racontées, mais c’est alors un autre projet. J’avais envie de quelque chose d’un peu plus spontané. Je ne voulais pas non plus me lancer dans une écriture trop longue.

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Votre Jarvis Cocker est si réussi qu’on regrette de ne pas avoir davantage de dessins de rock stars…
C. K. 
Je suis un peu timorée sur les portraits (sourire). Je l’ai bien étudié et l’ai vu plusieurs fois en concert. Jarvis Cocker, c’est presque un appel au dessin. Il joue tout le temps de son corps et pas seulement sur scène, car il y a des séances photo assez drôles où il prend des positions très bizarres. Il est tellement acrobatique qu’on a envie de le dessiner. J’ai l’impression de ne pas avoir été aussi juste sur France Gall. Je vais en faire d’autres, car je prépare un projet sur des portraits d’artistes, dont pas mal de musiciens.


Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne

(sur Twitter)

« Pop memories » de Cathy Karsenty. Delcourt. 13,95 euros.

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